lundi 3 avril 2017

Une Mère - Alejandro Palomas



Titre : Une Mère

Auteur : Alejandro Palomas

Publication : 2017

Traduction : Vanessa Capieu

Maison d'édition : Cherche midi

Illustration : Laetitia Queste

Résumé : Barcelone, 31 décembre. Amalia et son fils Fernando s'affairent en attendant leurs invités. En ce dîner de la Saint-Sylvestre, Amalia, 65 ans, va enfin réunir ceux qu'elle aime. Ses deux filles, Silvia et Emma ; Olga, la compagne d'Emma, et l'oncle Eduardo, tous seront là cette année. Un septième couvert est dressé, celui des absents.
Chacun semble arriver avec beaucoup à dire, ou, au contraire, tout à cacher. Parviendront-ils à passer un dîner sans remous ?
Entre excitation, tendresse et frictions, rien ne se déroule comme prévu.

Sur l'auteur : D'abord traducteur des ouvrages de Gertrude Stein, Katherine Mansfield, Willa Cather ou encore Jack London, Alejandro Palomas devient ensuite journaliste et scénariste ; il a été finaliste de nombreux prix littéraires en Espagne. Énorme succès dans ce pays, traduit dans une dizaine de langues. Une mère est son premier roman publié en France.

Citation : "Dans le silence qui nous berce maintenant, je regarde Emma et mon regard englobe aussi le couvert vide placé près d'elle, avec ses deux assiettes, ses verres, sa serviette et sa chaise devant. Je sais que vu de l'extérieur, n'importe qui penserait que nous attendions un invité qui n'est pas venu et je sais aussi que je ferais la même lecture si je ne savais pas ce que je sais. Sauf que je ne suis pas à l'extérieur, mais dedans. Je ne suis pas papa, ni Andrés, ni Sara non plus, mais je fais partie de ceux qui restent, de cette famille qui, grâce à maman, a appris à révérer les absences et à leur faire une place dans la réalité. Et c'est une vertu que nous lui reconnaissons tous et dont nous lui sommes reconnaissants. Surtout Emma."

Commentaire personnel : Une mère est délicieux du début à la fin. La mère est très attachante. On rit de temps à autres, on verse sa petite larme et on se demande "mais que s'est-il passé ?". Dans ce huit-clos, nous avons une panoplie de caractères totalement différents que composent cette famille. La mère est très... comment dire... j'ai envie de dire le mot "aliénée". Elle vit dans son monde, sur sa petite planète. Amalia est très naïve, et croit tout ce que son amie Ingrid lui dit. Elle croit aux chamans, à la zénitude, a une chienne qui se nomme Shirley, et mange beaucoup. Elle est l'incarnation de l'humain qui voit toujours le verre à moitié plein. Elle nous provoque des fous-rires en disant des choses farfelues et qui, pour elle, semblent étrangement sincères et sérieuses. Elle tente d'enseigner au cours de ce long repas des leçons de vie à chacun de ses enfants, que l'on découvre avec des retours en arrière de temps en temps.
La scène se passe chez Amalia, le 31 décembre pour fêter le nouvel an en famille.

Le narrateur est Fer (Fernando mais dans le livre il est appelé Fer), son fils gay qui s'est fait largué assez récemment. Nous voyons la scène du repas à travers ses yeux et surtout avec ses émotions. Il est roux aux yeux verts et à la peau pâle, et à un chien, Max.
Ensuite nous avons Emma, qui est très discrète pendant le repas. Elle est silencieuse, parle peu. Elle est mignonne et est accompagnée de sa petite copine que personne n'aime, (à l'exception d'Amalia) Olga. Emma a vécu un évènement très triste que l'on découvre au milieu du roman, très touchant, où Amalia parvient à la raisonner afin qu'elle reprenne du poil de la bête et qu'elle retrouve sa joie de vivre.
Silvia est la femme sarcastique qui a énormément souffert pendant cette année qui s'achève. Elle est la première à lancer des piques, surtout à sa mère qu'elle traite de folle. Elle est rigolote mais cache pourtant de très douloureux évènements. Elle a les yeux verts. C'est un peu la maman de la famille, elle élève un peu Amalia de la même manière. Elle est très maniaque de la propreté.
Le dernier arrivé à la table est l'oncle Eduardo. C'est un homme charmeur, qui a eu de nombreuses femmes dans sa vie, surtout de nationalités étrangères. Il arrive souvent en retard lors des fêtes familiales car il habite à Lisbonne au Portugal. On dit de lui qu'il aime lâcher des "bombes", c'est-à-dire des nouvelles qui mettent mal à l'aise ou qui provoquent la colère.

Toute la famille se retrouve donc à table pour le repas du Nouvel An, avec un poids lourd. En effet, ils ont tous un secret qu'ils aimeraient avouer (ou pas), un secret heureux ou un secret triste.

Ce livre m'a beaucoup plu, j'ai pas mal ri et je trouve que l'histoire est très agréable à lire. La mère est un personnage à elle seule. Elle a son propre caractère que l'on arrive à déterminer très facilement dès les premières pages, qui nous fait rire mais aussi pleurer. Malgré les tensions de la famille et ses défauts, elle fait son maximum pour qu'elle reste soudée. Amalia est loufoque, mais chaque caractère de chaque individu de la famille est poussé à son maximum afin de provoquer le rire. Ce roman pourrait facilement être adapté au théâtre, car on y retrouve de l'absurde à la Eugène Ionesco. Le fait aussi de ne pas utiliser de descriptions physiques (hormis les cheveux roux et les yeux verts), Palomas nous permet de nous identifier plus facilement aux personnages.

Le principe de ce roman est de nous rappeler que la vie est courte, qu'il faut aimer sa famille et le lui faire comprendre, qu'il faut se dire la vérité et ne rien se cacher, mais par dessus tout qu'il ne faut jamais oublier ceux qui ne sont plus là. C'est à chaque repas qu'Amalia rajoute à couvert pour la Chaise des Absences, représentant sa propre mère, le père de ses enfants, et Sara.

"Depuis, à chaque fois que nous nous réunissons en famille pour un déjeuner ou un dîner de fête, la Chaise des Absences est toujours là, avec ses assiettes, ses verres et sa serviette. C'est le premier couvert que nous mettons et le dernier que nous retirons, et il est invariablement placé à un coin de la table, souvent à côté d'Emma. Pour nous, c'est "la Chaise". Pour Olga, c'est "cette manie de votre mère qu'il faut respecter parce qu'une mère, c'est sacré, voilà tout"."

Pourtant, Amalia avoue que quand elle mange seule et rajoute toujours un couvert pour sa mère. Elle lui montre ses tricots et lui raconte les derniers potins. Palomas traite du sujet de la mort avec douceur et sensibilité, en nous rappelant de profiter de ce qu'il nous reste, en le chérissant.


Se rappeler de cette citation de Shakespeare : "La mort est une dette que chacun ne peut payer qu'une fois."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire