mercredi 12 avril 2017

22/11/63 - Stephen King


Titre : 22/11/63

Auteur : Stephen King

Publication : 2011

Traducteur : Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Nadine Gassie

Maison d'édition : Le Livre de Poche

Couverture : Rex Bonomelli

Nombre de pages : 1 035

Résumé : Jake Epping, professeur d'anglais à Lisbon Falls (Maine), n'a pu refuser la requête d'un ami mourant : empêcher l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Une fissure dans le temps va l'entraîner en 1958, à l'époque d'Elvis et de JFK, des Plymouth Fury et des Everly Brothers, d'un dégénéré solitaire nommé Lee Harvey Oswald et d'une jolie bibliothécaire qui deviendra le grand amour de Jake. Avec une extraordinaire énergie créatrice, Stephen King revisite au travers d'un suspense vertigineux l'Amérique du baby-boom, des "happy days" et du rock'n'roll.

Sur l'auteurNé en 1947 à Portland (Maine), Stephen King a connu son premier succès en 1974 avec Carrie. En une trentaine d'années, il a publié plus de cinquante romans et autant de nouvelles, certains sous le pseudonyme de Richard Bachman. Il a reçu de nombreuses distinctions littéraires, dont le prestigieux Grand Master Award des Mystery Writers of America pour l'ensemble de sa carrière en 2007. Son oeuvre a été largement adaptée au cinéma.

Citation : "Vous avez déjà fait cette expérience, par un jour de grand soleil, de fermer les yeux et de continuer à voir l'image rémanente de ce que vous étiez en train de regarder juste avant ? Eh bien, c'était comme ça. Quand j'ai regardé mon pied, je l'ai vu posé sur le sol. Mais quand j'ai cligné des yeux - un millième de seconde avant ou un millième de seconde après que mes yeux se soient fermés, je ne sais pas exactement -, j'ai aperçu mon pied posé sur une marche. Et c'était pas non plus dans la pauvre lumière d'une ampoule de soixante watts. Mais en plein soleil.
Je me suis figé.
"Vas-y, m'a dit Al. Tu risques rien, copain. Vas-y, je te dis." Il a toussé sauvagement, puis articulé dans une sorte de grondement désespéré : "J'ai besoin que tu le fasses."
Alors je l'ai fait.
Dieu m'en soit témoin, je l'ai fait."

Commentaire personnel : Ça va être assez difficile de parler de ce roman, tout d'abord parce que j'ai aussi les images de la série dans la tête et qu'il y a pas mal de choses qui changent et dont je parlerai, puis aussi parce que... waaaaaaa que je suis contente de l'avoir fini ! Je ne dis pas qu'il était mauvais, ah ça non, c'est du King tout craché, toujours aussi bon! Mais ohlala qu'est-ce qu'il était long ! Tu me diras, 1 000 pages c'est pas énorme, mais j'ai l'habitude de plus petits livres, de 400-500 pages, que je lis en une semaine, mais là celui-ci était particulièrement long à lire car l'écriture était petite, et les marges étaient fines. Donc déjà ça m'a refroidit quand je l'ai ouvert, mais je suis contente de l'avoir fini, et très heureuse de l'avoir lu, car cela faisait un moment que je voulais le lire afin de faire la comparaison entre le roman et la série qui a été adaptée (avec le magnifique James Franco) en 2016. Je suis malheureusement obligée de SPOILER le roman et la série, donc si tu ne veux pas connaître ce qui va se passer, je te conseille de juste lire le résumer et d'aller voir en vitesse la série qui fait que 8 épisodes, ou d'aller livre le livre qui te prendra plus de temps.

Pour raconter ce roman, je vais essayer de ne pas me tromper (et je m'excuse d'avance si je me mélange les pinceaux sur certains éléments avec la série) dans les évènements, car énormément de choses changent.
Déjà, après avoir lu le résumé du roman, on sait donc que Jake va partir dans le passé, en 1958 pour empêcher l'assassinat de Kennedy. A savoir que son ami s'appelle Al, et qu'il lui explique tout ce qu'il y a à savoir, en lui donnant même ses notes qu'il a prises, pour aller dans le passé. Pour y aller, c'est simple, le trou se trouve dans le Dinner de Al, dans le garde-manger, tout derrière. En y allant, Jake consacre cinq ans de sa vie pour changer le cours de l'Histoire. Cinq ans, c'est beaucoup quand on va dans le passé, mais dans le présent, il disparaitra que 2mn chrono. Quand il arrive dans le passé, "il est toujours 11 heures 58 le matin du 9 septembre 1958. Chaque voyage est le premier." Pour le forcer à venir dans le passé pour empêcher le meurtre du Président, Al se tue, souffrant d'un cancer qu'il attrapa lors d'une escapade dans le passé tandis qu'il était parti seulement "deux minutes". Quand il en ressort, Jake ne le reconnaît plus :
Ce n'était pas seulement le fait que ses joues normalement rougeaudes soient devenues jaunes et flasques. Ce n'était pas ses yeux bleus maintenant chassieux, au regard délavé et hébété de myope. Ce n'étaient même pas ses cheveux, hier encore presque tout noirs et aujourd'hui presque tout blancs : après tout, il avait pu utiliser pendant des années un de ces produits de beauté pour hommes et décidé sur un coup de tête de s'en débarrasser pour retrouver sa couleur naturelle.
Non, le truc impossible à croire, c'était qu'en vingt-deux heures, depuis que je l'avais bu pour la dernière fois, Al Templeton paraissait avoir perdu au moins quinze kilos. Peut-être même vingt, ce qui aurait fait un quart de son poids habituel. Personne ne perd quinze ou vingt kilos en moins d'une journée. Personne. Pourtant, il était là, devant moi.

En tant qu'enseignant, il donne aussi des cours à des personnes en difficulté, dont un certain Harry Dunning, qui s'occupe du ménage du lycée. Il est en quelque sorte analphabète. Lors d'un devoir à faire sur le jour qui a changé leur vie, Harry raconte son histoire : C'était pas un jour, mais un soir. Le soir qui a changé ma vie c'est le soir où mon père a assassiné ma mère et mes deux frères et a bléçé ma soeur aussi, si gravement qu'elle est tombé dans le koma. Elle est morte au bout de trois ans sans se réveillé. Elle s'appelait Ellen et je l'aimait beaucoup. Elle aimait cueillir des fleurs et les mettre dans des vases (les fautes sont faites par Harry et non par King ou les traductrices). Il en a subit les conséquences. Jake décide de retourner dans le passé afin d'empêcher ce massacre. Lorsqu'il l'a fait, il retourne dans le présent pour voir les changements que son action a entraînée, mais apprenant par Ellen (vieille, au téléphone) qu'Harry a été tué à la guerre, car il était persuadé qu'il ne pourrait pas mourir car il avait son ange gardien avec lui (Jake, lorsqu'il a tué le père de Harry petit, ce dernier lui demande qui il est, et Jake lui répond que c'est son ange gardien, qu'il va veiller sur lui). Quand il est à nouveau dans le présent donc, il se rend compte qu'il a fait une erreur, et décide de changer les choses en retournant dans le passé une seconde fois et tuer le père d'Harry sans que Harry le voit (lorsque le père était au cimetière au train de poser des fleurs sur la tombe de ses parents).

A ce moment là, Jake sait qu'il a changé des choses, mais s'empêche de retourner dans le présent car il a une mission plus importante : sauver JFK.

Pour cela, plusieurs endroits vont se succéder (je ne les ai pas notés parce qu'il y en avait pas mal), mais retenons déjà que la ville principale c'est Jodie, car c'est là que Jake va rencontrer Sadie et va tomber amoureux. Sadie est une jeune bibliothécaire de 29 ans (à peu près), très jolie, discrète et maladroite. Elle a beaucoup souffert à cause de son ex mari dont elle a réussi à s'enfuir car il la battait et installait entre lui et elle un balai dans le lit (pour empêcher Sadie de le toucher, mais aussi pour faire une délimitation entre lui et elle. Il n'ont jamais fait l'amour, donc elle est persuadée que c'est normal dans un couple. Johnny, son ex-mari, était aussi un dingue de la propreté). En bref, ils tombent amoureux, et travaillent au même lycée. Jake en tant que professeur d'anglais, et Sadie toujours en bibliothécaire. Ils ont leurs petites manies (ex : le fondant est un code pour dire on fait l'amour?). Sadie sait bien que Jake n'est pas sincère avec elle, mais ce n'est pas la priorité pour elle, car elle sait aussi qu'il veut la protéger, que ce serait dangereux pour elle de savoir.

En ce qui concerne JFK, si l'on a vu l'un ou lu l'autre, on sait pertinemment qu'il arrive à empêcher son assassinat, malgré les mésaventures qui vont arriver avant, car le passé tente de les rattraper, en provoquant des accidents divers. Malgré cela, en passant outre l'histoire, mais en se focalisant plutôt sur le passé en général, nous voyant bien que cela ne mène à rien de vouloir le changer. Quand on fait une erreur, on a beau se dire "j'aimerais tellement retourner dans le passé afin de me rattraper et de tout changer", mais qui te dit que tu n'empirerais pas les choses en voulant les changer ? Qui te dit que l'erreur n'est pas humaine? Qu'il faut de la pluie pour se rendre compte du beau temps ?
Je pense que King, en consacrant presque deux ans à écrire ce roman, a voulu nous montrer encore une fois qu'il faut vivre le présent, chaque instant, car sinon il sera trop tard. Il faut se contenter de ce que l'on a, ne pas se mêler des affaires des autres, mais se consacrer sur notre vie, notre futur, et ne jamais se retourner vers le passé. Car le passé construit le futur, ton passé fait de toi un homme/une femme, mais sans ce passé douloureux, tu ne serais jamais devenue la personne que tu es aujourd'hui, la personne qui se tient debout devant ton miroir chaque matin. Tu devrais être fier de ce que tu es, de ce que tu es devenu, de qui tu es devenu. Il faut accepter le passé, mais ne pas regarder derrière nous, mais au contraire avancer, loin et plus loin encore. Toujours plus loin. Vivre. Car oui, aujourd'hui est le premier jour du reste de ta vie.
King avait d'ailleurs fait une métaphore à travers la pensée de Jake : Les choix et les possibilités multiples de la vie quotidienne sont la musique au son de laquelle nous dansons. Ils sont comme les cordes d'une guitare. Pincez-les et vous créez un son agréable. Une harmonique. Mais commencez ensuite à ajouter des cordes. Dix cordes, une centaine de cordes, un millier, un million. Parce qu'elles se multiplient ! Harry ne savait pas ce qu'était ce grand son de déchirure liquide, mais moi je crois bien que je le sais : c'est le son de trop d'harmoniques créées par de trop nombreuses cordes.

Les différences notées entre la série et le roman :

- Christy, l'ex femme de Jake, est un alcoolique dans le livre, mais pas dans la série.
- Jake découvre Al malade et dans un sale état le lendemain (livre), alors que dans la série c'est 2mn plus tard (lorsque Christy donnait à Jake les papiers de divorce au restaurant d'Al).
- Miss Mimi et Deke ont la soixantaine et sont mariés, Mimi n'est pas noire dans le livre ; dans la série elle est noire, plus jeune et ce n'est pas spécifié qu'ils soient ensembles .
- Bill Turcotte n'accompagne pas Jake dans le roman alors que dans la série oui. En revanche, il est dans le roman, et il c'est même lui qui tue le père de Harry, tandis que Jake était par terre. Lorsque Jake retourne dans le présent, puis dans le passé la deuxième fois, Bill n'y est plus.
- Il n'y a pas de personnes "possédées" qui meurent subitement pour dire "you shouldn't be here", ou carton jaune dans le livre, alors que dans la série oui.
- Jake n'est pas blessé de la jambe à la fin dans la série pour empêcher l'assassinat de Kennedy et pour monter les six étages du bâtiment où est Lee Oswald.
- Le passé se situe en 1958 dans le livre et en 1960 dans la série
- Dans le livre Jake après avoir tué le père de Harry qui avait déjà tué un de ses fils, retourne dans le présent pour voir ce que l'effet papillon a entraîné, et décide d'y retourner et d'abattre le père sans attendre le soir d'octobre. Pas dans la série.
- Dans le livre, Al avait empêché la paralysie d'une fille dans les bois, qui s'était prit une balle d'un fusil dans la jambe, et Jake fait la même chose, mais se rend compte que ce n'était pas une bonne chose car la fille qui avait grandit dans le présent, n'était certes pas handicapée, mais elle n'était pas connue comme elle aurait pu l'être s'il avait laissé les choses se faire.
- Johnny, l'ex-mari de Sadie : dans la série on apprend qu'il utilise une pince à linge (je n'ai pas compris pourquoi, si toi tu as compris, n'hésites pas à me le dire) ; dans le livre on comprend qu'il n'aime pas Sadie par l'utilisation du balai.
- Le présent se situe en 2011 dans le livre ; en 2016 dans la série (logique)
- Lorsque Sadie se fait lacérée le visage par Johnny, elle a une cicatrice rose-cochon dans la série, tandis que dans le roman la blessure est vraiment sanglante, avec la peau qui tombe, son oeil tombe un peu et son côté de la bouche est aussi affecté. Il faudra plusieurs opérations pour que le résultat soit un peu mieux.
- Johnny, toujours ce jour-là, où il séquestre Jake et Sadie, il se tue dans le roman quand Deke arrive, et dans la série c'est Sadie qui le tue.
- Dans le roman, Mike et Bobby ont une assez grande place, tandis que dans la série on les voit que trois fois et occupent de petits rôles.


Enfin, comme à son habitude, Stephen King a écrit une note afin d'expliquer comment il a réparti son travail de recherche. Par exemple, il a écrit qu'il remerciait le couple Goodwin, dont le mari est un ancien aide de camp de Kennedy car ils se sont prêtés au jeu de questions-réponses sur les scénarios les pires, si Kennedy avait vécu. George Wallace en trente-septième président des États-Unis, c'est leur idée... mais plus j'y ai réfléchi, plus elle m'a semblé plausible. King remercie aussi son fils, le romancier Joe Hill, qui a relevé certaines conséquences induites par le voyage dans le temps qui lui avaient échappé. C'est aussi lui qui a eu l'idée de cette fin, différente et meilleure que celle qu'il avait imaginée.
Et il rajoute : Joe, tu déchires.


Et toi, tu en as pensé quoi ?

1 commentaire:

  1. 1035 pages en s'imaginait avec James Franco, ça ne devait pas être si désagréable... :)

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