Que Le Diable Soit Avec Nous - Ania Ahlborn

Titre : Que Le Diable Soit Avec Nous

Auteur : Ania Ahlborn

Publication : 2017 (2018 en français)

Maison d'édition : Denoël (Sueurs Froides)

Couverture : Constance Clavel

Traducteur : Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Samuel Sfez

Nombre de pages : 349

Sur l'auteur : 

Ania Ahlborn est l'auteur de plusieurs thrillers ayant tous rencontré un succès aussi bien auprès des critiques que des lecteurs. Née en Pologne, elle vit actuellement en Caroline du Sud avec son mari et leur chien.

Résumé : Deer Valley, Oregon. Le jeune Jude Brighton a disparu depuis trois jours. Les autorités commencent à perdre espoir, et la thèse d'une fugue laisse progressivement la place à des hypothèses plus inquiétantes. Malgré son jeune âge, Steve Clark, le meilleur ami de Jude, est bien conscient de cela. Grand fan de séries policières, il sait que chaque minute qui passe est capitale. D'autant plus que ce drame n'est pas le premier à frapper Deer Valley. Un jeune garçon a été retrouvé mort dix ans plus tôt, son corps atrocement mutilé. Sans oublier tous ces animaux domestiques disparus sans laisser de trace...

Lorsque Jude réapparaît de façon tout à fait inattendue, tous pensent que la vie va reprendre son cours. Mais Steve se rend vite compte que quelque chose ne va pas. Et si le garçon qui était mystérieusement ressorti des bois n'était pas vraiment Jude ?

Citation :

"Jude!

- Stevie ?" Le bruit des pieds nus de sa mère avançant rapidement sur le parquet éraflé. "Chéri, qu'est-ce qui ne va pas ? Qu'est-ce qui se p..."

Sa question fut interrompue par les demi-cris haletants de Stevie. Le verrou céda enfin, tourna dans ses mains moites. Il ouvrit la porte, se jeta sur le perron. Des graviers mordirent la plante de ses pieds quand il s'élança dans l'allée, mais il ignora la douleur. Le nom de Jude sortait de sa gorge comme une crise de Tourette, la terreur bordant chacune de ses syllabes.

Parce qu'il ne serait pas là.

Il ne serait pas là.

Disparu de nouveau. Juste son imagination, qui voulait à tout prix le berner.

Stevie respirait à peine quand il atteignit l'allée défoncée de tante Mandy, trébucha sur la première marche du perron et atterrit sur les mains contre les planches du patio à côté d'une paire de Converse immobiles et boueuses. Il tendit le cou, leva les yeux vers le garçon qui se dressait au-dessus de lui à présent, escalada les dernières marches et, sans un mot, jeta les bras autour du cou de son meilleur ami.

Il criait, sautait, hurlait. Sa mère lança un chant de joie en courant vers la maison de tante Mandy. Submergés par l'excitation, ni l'un ni l'autre ne remarquèrent que Jude ne bougeait pas.

Il restait là, rigide, tandis qu'ils lui faisaient la fête.

Tel un cadavre ramené d'entre les morts.

Commentaire personnel : Forêt, maison abandonnée, monstre, diable, suspens, cave, nuit, enfants, disparition, violence à la maison... Il n'y a pas de doute, l'auteur plante bien un décor glauque et sombre derrière cette histoire. J'ai lu ce roman en trois jours, ce qui m'a permis d'avaler l'histoire sans en perdre une miette. J'ai tout simplement adoré. J'ai vraiment apprécié le ton de l'écriture et le caractère de Stevie, le personnage principal. Tout le monde le croit fou à tout juste dix ans. C'est un jeune garçon maltraité par son beau-père, abandonné par son père biologique, et vit donc avec sa mère qui est soumise à Terry (le beau-père ; appelé aussi le Tyran car il a recourt à la violence) ; et vit aussi avec Duncan (Dunk) son frère. En face de chez eux habitent la tante de Stevie avec son fils Jude. 

Lorsque ce dernier disparait, Stevie est prêt à tout pour retrouver son meilleur ami/cousin. Il s'aventure dans les bois, interroge les villageois, ment à sa mère et désobéit à son beau-père. Il est persuadé qu'il est là, quelque part, et non mort comme le pense tante Mandy (la maman de Jude). 

Ayant regardé beaucoup d'émissions d'enquêtes policières, Stevie sait que les quarante-huit heures sont primordiales pour retrouver un disparu. Mais lorsque ce temps est écoulé, il ne perd pas la foi et poursuit ses recherches. 

La nuit, il aperçoit une créature un peu étrange, qui, avec la description, me fait penser à Gollum. Cette créature est la représentation du Diable. Stevie est persuadé qu'il a quelque chose à voir derrière la disparition de Jude. Mais quand Jude réapparaît enfin, il n'est plus lui-même. Il semble habité, possédé, étrange, vide, mort. Nous ne savons pas ce qu'il a, ni ce qu'il a fait pour être comme cela, mais ce personnage "sans vie" est très perturbant. Il a une violence et une colère en lui inimaginable, une soif de sang incontrôlable. Il fait peur à Stevie mais aussi à nous, lecteurs. 

Ce roman est un tourne-pages jusqu'à la fin qui est un vrai remue-méninge. Etait-ce l'imagination de Stevie ou toute cette histoire a-t-elle vraiment eue lieu? C'est la question que je me suis posée lorsque j'ai terminé de lire la dernière page. 

Je me suis énormément attachée en très peu de temps au personnage de Stevie, à son jeune âge, à son bégaiement, à sa peur mais surtout à son courage. Il a plus peur qu'on le traite de poule-mouillée que de mourir. Et à son jeune âge, affronter son cousin possédé, ce n'est pas de tout repos. La fin est donc très surprenante car elle nous laisse sans réponse. Et j'aime beaucoup cela, lorsqu'il n'y a pas de happy ending à la fin d'un thriller, lorsqu'on se pose ces questions sans réponse, lorsqu'on se demande si c'est notre cerveau qui nous joue des tours ou si c'est l'écrivain qui tente de nous perdre un peu. 

Chacun des personnages est unique, a son propre caractère. 

Par exemple la mère de Stevie est perturbée par le fait d'avoir été abandonnée par son mari, le père de Stevie et Duncan. Elle est vulnérable et faible, c'est pour cela qu'elle est avec le Tyran, un homme fort, violent, qui n'hésite pas à intimider les autres afin de montrer qui est le plus fort. 

Duncan, lui, est un jeune adolescent perturbé par ses hormones, par son image, qui se fiche de sa famille et de l'école, qui pense seulement à sa copine et ses amis. Il a des stickers de skate sur son sac tandis qu'il n'en a jamais fait par exemple.

Chaque personnage a ses faiblesses, mais aucun d'entre eux ne va aider le pauvre Stevie. On éprouve alors de la pitié pour ce personnage très sensible, gentil, curieux, téméraire, détruit.