mercredi 12 avril 2017

Joyland - Stephen King




Titre : Joyland

Auteur : Stephen King

Publication : 2013

Traduction : traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Nadine Gassie et Océane Bies

Maison d'édition : Le Livre de Poche

Couverture : Jade Watts

Nombre de pages : 400

Résumé : Les clowns vous ont toujours fait un peu peur ? L'atmosphère des fêtes foraines vous angoisse ? Alors, un petit conseil : ne vous aventurez pas sur une grande roue un soir d'orage...

Sur le livre :
-"Joyland permet à Stephen King, outre une délectable virée dans le monde forain, de méditer sur les pratiques perverses des montreurs d'ombres, et de nous souffler à l'oreille que le contraire du paradis n'est pas l'enfer, mais un éden loti, tarifé, et rentable" (François Angelier).

-"Bien plus qu'un livre à grands frissons, c'est un récit à l'humour noir, et avant tout un beau roman sur l'apprentissage de la vie" (Hubert Artus)

Sur l'auteur : Né en 1947 à Portland (Maine), Stephen King a connu son premier succès en 1974 avec Carrie. En une trentaine d'années, il a publié plus de cinquante romans et autant de nouvelles, certains sous le pseudonyme de Richard Bachman. Il a reçu de nombreuses distinctions littéraires, dont le prestigieux Grand Master Award des Mystery Writers of America pour l'ensemble de sa carrière en 2007. Son oeuvre a été largement adaptée au cinéma.

Citation : "Et j'ai appris à causer en Parlure. Certains mots comme une "boutique" pour une baraque foraine et un "raquedal" pour un client râleur et grippe-sou, certaines expressions comme "aller au métier" pour aller au boulot et "faire un peu de plomb" pour faire un peu de monnaie, étaient du pur parler forain, vieux comme le monde. D'autres termes, comme "des sucettes en ouate" pour la barbe à papa et "la niche à Médor" pour la cabine de commande d'un manège étaient du jargon Joyland breveté. Je suppose que tous les parcs ont leur version brevetée de Parlure, mais le fond est toujours forain de chez forain. Un "mouton bêlant" est un lapin (généralement un raquedal) qui râle de devoir faire la queue. La dernière heure d'ouverture de la journée (à Joyland, c'était de dix heures à onze heures du soir), c'est le "badaboum". Un lapin qui perd à un stand et réclame qu'on lui rembourse son flouze, c'est un "pétardier". Les "oua-ouas", c'est les toilettes, comme dans "Hé, Jonesy, file dare-dare aux oua-ouas près du Moon Rocket : un con de lapin a dégueulé dans un lavabo !""

Commentaire personnel : Ce livre raconte l'histoire d'un jeune garçon, Jonesy, début vingtaine, durant l'année 1973. Il vit chez son père, sa mère est morte. Il est amoureux d'une fille, Wendy, mais elle a d'autres projets après ses années de lycée, tandis que lui ne voit pas son futur sans elle. Durant l'été de la dernière année de lycée, Wendy part travailler avec sa meilleure amie, loin de Jonesy. Lui se cherche un travail afin de mettre de l'argent de côté. Il se fait embaucher chez Joyland afin de "vendre du bonheur", et loge chez une femme (Mrs. Emmalina Shoplaw) dans une maison pas chère et proche de son travail. Il y rencontre plein de monde, dont Lane Hardy, Tom, Erin Cook, Rozzie Gold (la voyante, ou Madame Fortuna), Mr. Easterbrook (vieil homme, le patron de Joyland, pas très présent, mais important tout de même)...

Son travail consiste donc à faire marcher les machines du parc d'attraction, faire et vendre des barbes à papa et autres cochonneries du genre, mais aussi à mettre la "fourrure". La fourrure, c'est la chose la plus détestée par toux ceux travaillant à Joyland. Il s'agit d'enfiler la fourrure de la mascotte du parc, celle d'Howie le Chien Gentil. Sauf que pour la porter, il faut savoir qu'elle est extrêmement épaisse, et que c'est l'été. Jonesy explique bien qu'il transpire déjà au bout de deux minutes, sans être allé dehors. Et il doit la porter deux à quatre fois par jour au début et danser pour amuser les enfants qui viennent faire des câlins à Howie.

Là où l'on retrouve l'univers de Stephen King, c'est lorsque le problème survient. En effet, Lane Hardy explique à Jonesy qu'il y a une rumeur comme quoi une attraction (qui fait penser au train-fantôme) est hantée. Il ne connaît pas bien les détails, mais dit quand même qu'une femme hante l'endroit, et que certaines personnes travaillant au parc peuvent la voir. Mrs. Shoplaw (la femme chez qui Jonesy vit) en connaît plus sur le sujet, et raconte qu'il y a plusieurs années de cela, un homme a égorgé une femme, Linda Gray, lorsqu'ils étaient plongés dans le noir dans le train fantôme, alors qu'ils n'étaient pas seuls, mais personne n'a rien vu. L'homme avait prévu le coup, avait porté des gants, et avait une chemise en dessous de la sienne pour pouvoir l'enlever, et la jeter, ainsi que les gants et la victime, à l'intérieur du manège, afin qu'il n'y aient pas de taches de sang sur lui, et donc pas de preuve contre lui. Le coup était bien fait, parce qu'on apprendra par la suite que Linda n'était pas la première, et loin d'être la dernière. Il y a eu d'autres victimes.

Sur le trajet de chez Mrs. Shoplaw à Joyland, Jonesy passe par la plage chaque jour, et passe aussi devant la maison d'une femme et d'un enfant. Il s'agit d'Annie et de Michael (Mike), son fils. Annie semble être très froide au début, mais Jonesy parvint à aider Mike qui est dans un fauteuil roulante, et qui n'a plus beaucoup de temps à vivre. Madame Fortuna lui avait prédit qu'il verrait une petite fille habillée en rouge avec une poupée, et un petit garçon avec un chien, et que l'un des deux aurait le don de la vision. Mike est un petit garçon très intelligent, qui semble ne pas avoir peur de la mort, malgré qu'il s'y rapproche de jour en jour. C'est un personnage touchant, qui nous rappelle à quel point la vie ne tient qu'à un fil. Son souhait le plus fort est d'aller à Joyland avant de mourir, mais sa mère s'y oppose. Elle refuse qu'il risque encore plus sa vie, il est très malade.

Mike semble pourtant en savoir sur Linda Gray, et sur sa mort. Pourtant, il n'a jamais mis les pieds au parc, comment cela se fait-il ?
Le fantôme de Linda est bien présent, Tom en est sûr, il l'a vu.

Après cet été sans nouvelles de Wendy, Jonesy décide alors de prendre une année sabbatique, de mettre ses études sur pause afin de continuer à travailler au parc. Son père est d'accord. Jonesy veut percer le mystère de Linda ; y parviendra-t-il ?

Jonesy est aussi un personnage très intéressant, attachant, malin et intelligent. Il a eu des cours de secourisme qui lui serviront durant son année. Il est blessé par la perte de sa mère, puis par l'éloignement de Wendy. C'est un amoureux des femmes, mais pourtant il connaît un abandon de la gente féminine. Il tombera ensuite sous le charme de Annie, femme plus vieille que lui, mais attendrissante, très protectrice, et peu sûre d'elle. Elle a besoin d'un homme pour la guider et pour l'aider avec Mike, elle n'y arrivera pas toute seule, qu'elle a dit. Jonesy semble être la perle rare, malgré sa réticence. Mike l'apprécie beaucoup. Jonesy apaise ses souffrances.

Ce qui est amusant, c'est la note de fin écrite par King : "Les puristes du monde forain (je suis sûr qu'il en existe) fourbissent déjà leurs plumes pour m'écrire, avec divers degrés d'offuscation, que ce que j'appelle "la Parlure" n'existe pas : on n'a jamais appelé les ploucs des lapins, par exemple, ni les jolies filles des pigeonnes. Ces puristes ont raison, mais c'est inutile qu'ils se fendent de lettres ou d'e-mails de protestation. Écoutez, les gars, c'est pour ça que j'appelle de la fiction !". Il y explique par la suite que certains termes employés dans son roman existent bel et bien, et qu'ils sont aussi réels que drôles. Ces noms employés par les foires sont utilisés comme un propre langage, comme leur argot à eux.

L'enquête autour du meurtre de Linda Gray est vraiment passionnante, on sent vraiment que les éléments sont rattachés les uns aux autres, comme un puzzle. Et le résumé est assez trompeur car il n'y a pas de clowns dans ce roman, alors que je m'attendais à en "voir". Jonesy va tout faire pour comprendre ce qui s'est vraiment passé, et qui est l'assassin de ces pauvres femmes. Ce roman est mystérieux, avec de l'action, du suspens, de la tristesse, mais aussi de la joie. Cette palette d'émotions est enrichissante pour nous, lecteurs, et fans incontestables de King. S'il y a bien un roman de King que j'aimerais relire, c'est bien celui-là.


Et toi, t'en as pensé quoi ?

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