jeudi 25 mai 2017

Obsessions - Luana Lewis



Titre : Obsessions

Auteur : Luana Lewis

Publication : Avril 2017

Maison d'édition : Denoël (Sueurs Froides)

Couverture : Constance Clavel (Plainpiscture / Cultura / Opticopia)

Traduction : Traduit de l'anglais par Arnaud Baignot

Nombre de pages : 331

Sur l'auteur :







Luana Lewis est psychologue clinicienne. Son premier roman, Ne t'approche pas, a été publié chez Denoël en 2016.












Résumé : Belle à se damner, mère de famille comblée, Vivien fascine les hommes autant que les femmes. Pourtant, sous les apparences se cache une personnalité rongée par les TOC. Poids, amis, famille, Vivien contrôle tout d'une main de fer. Le jour où on retrouve son corps sans vie dans Regent's Canal à Londres, tout porte à croire qu'il s'agit d'un suicide.
Comme si de jolis mensonges cachaient de bien vilaines réalités...

Citation :
"Sur le trottoir, Isaac se retourna et s'agrippa aux barres en fer du portail. Il
leva les yeux sur la maison que Vivien avait édifié à son image. C'était un endroit
conçu pour susciter à la fois l'admiration et l'envie. C'était une maison où les secrets 
étaient jalousement gardés et où l'apparence comptait. Vivien s'était évertuée à se
créer une famille et un foyer. Ou du moins quelque chose qui y ressemblait
beaucoup. Il commençait à se dire qu'elle n'aurait pas volontairement laissé
tout ça derrière elle."

Commentaire personnel : Il m'aura fallut deux jours et demi pour le lire, je l'ai dévoré. Il y a un petit suspense tout le long du roman. On commence le roman en sachant que Vivien est morte. Rose, sa mère, contacte Isaac (un journaliste) lors d'une réunion un peu spéciale, pour ceux qui ont perdu quelqu'un. Rose a perdu sa fille, et Isaac son fils il y a sept ans. Quand le destin les font se rencontrer, Isaac souhaite à tout prix percer le mystère de cette famille dont la femme semble si parfaite. Pourquoi s'est-elle suicidée si elle avait une vie aussi merveilleuse ? Quelles sont les raisons, les arguments ? Rose veut absolument la vérité. Et si il y avait autre chose que le suicide ? Entre mensonges, enquête, amitié, soupçons et obsessions, Luana Lewis nous sème le doute tout au long de ce roman. Chaque chapitre est raconté à la troisième personne du singulier, mais en changeant de point de vue d'une personne. Un chapitre va être consacré sur Vivien par exemple lorsqu'elle était vivante, vingt ans en arrière, puis un autre un an avant sa mort, et un autre sur Isaac ou sur Ben (le mari de Vivien, père de Lex). Les dates se mélangent, jusqu'à arriver au moment présent, en 2013, où tous sont réunis dans la même pièce.
Chaque chapitre apporte un semblant de vérité. La fin est finalement un retournement de situation incroyable. L'écriture est simple, très agréable à lire. Nous en redemandons encore à la fin de notre lecture.
J'ai tout simplement hâte d'aller m'acheter son premier roman, Ne t'approche pas.
Luana Lewis arrive à nous décrire la psychologie de chacun des personnages de manière progressive, et ça en devient bouleversant.

Running Man - Stephen King


Titre : Running Man

Auteur : Richard Bachman (Stephen King)

Publication : 1988

Maison d'édition : Le Livre de Poche (Albin Michel)

Couverture : Robert Daly / Getty Images

Traduction : Traduit de l'anglais par Frank Straschitz

Nombre de pages : 316

Sur l'auteur :


Né en 1947 à Portland (Maine), Stephen King a connu son premier succès en 1974 avec Carrie. En une trentaine d'années, il a publié plus de cinquante romans et autant de nouvelles, certains sous le pseudonyme de Richard Bachman. Il a reçu de nombreuses distinctions littéraires, dont le prestigieux Grand Master Award des Mystery Writers of America pour l'ensemble de sa carrière en 2007. Son oeuvre a été largement adaptée au cinéma.




Résumé : Premier quart du XXIème siècle. La dictature s'est installée aux Etats-Unis. La télévision, arme suprême du nouveau pouvoir, règne sans partage. Une chaîne unique diffuse une émission de jeux suivie par des millions de fans : c'est "La Grande Traque".
Ben Richards, qui n'a plus rien à perdre, décide de s'engager dans la compétition mortelle. Pendant trente jours, il devra fuir les redoutables "chasseurs" lancés sur sa piste et activement aidés par une population encouragée à la délation. Tous les moyens sont bons pour éliminés Ben Richards...

Citation :
"Les règles sont la simplicité même. Vous - ou les membres survivants
de votre famille - toucherez cent Nouveaux Dollars par heure tant que
vous resterez libre. Nous allons vous verser une avance de quatre mille 
huit cents dollars, en partant de l'hypothèse que vous pourrez échapper aux 
Chasseurs pendant quarante-huit heures. Si vous tombez plus tôt, le solde
devra bien entendu être remboursé. Vous prendrez le départ avec douze
heures d'avance. Si vous durez trente jours, vous touchez le Grand Prix.
Un milliard de Nouveaux Dollars."

Commentaire personnel : Running Man est le premier roman que je lis de Stephen King sous le pseudonyme de Richard Bachman. Il se lit facilement quand on se plonge dedans, car l'immersion est un peu difficile pour être honnête. Le roman est coupé en petits chapitres avec un compte à rebours allant de 100 à 0. Pour un roman de Stephen King, je le trouve court, mais ce n'est pas mon préféré. Le speech me fait penser à Hunger Games, et même si ce dernier a été écrit bien après Running Man, j'aurais préféré lire Running Man avant.
Ben Richards est un homme de vingt-six ans qui passe toute sorte de tests afin de pouvoir participer à un jeu télévisé, sans savoir pour lequel il va postuler. Il fait ça pour avoir de l'argent et pour pouvoir sauver sa petite fille qui est malade. Chez eux, ils n'ont pas d'argent. Il vit avec sa femme (Sheila) et sa fille (Catherine). Il veut à tout prix les protéger. L'histoire se passe dans les années 2020, soit quarante ans après que Stephen King ait écrit son roman.
Il participera finalement à "La Grande Traque", jeu où le but est de se cacher le plus longtemps possible dans tout le continent. Si quelqu'un le voit et donne des informations sur lui au jeu, alors cette personne gagnera de l'argent en retour. C'est pour cela que tout le pays est après lui, et qu'il tente par tous les moyens de se cacher, même si il doit mentir, trahir, tuer.
Le roman est écrit à la troisième personne du singulier, ce qui nous donne une impression de recul sur ce que vit Ben. Seulement, pour que Ben puisse gagner son argent, il doit envoyer deux cassettes de 10mn qu'il devra filmer et donc envoyer au jeu qui diffusera les images à la télévision. Elles devront être envoyées tous les jours, et devront être des indices pour les citoyens afin de retrouver l'homme recherché. Comme c'est un jeune homme intelligent, il décide de ne montrer le moins d'indices possible, et d'utiliser ces images pour prouver au monde entier les méfaits de ces jeux télévisés.

Et toi, qu'en as-tu pensé ?

mercredi 24 mai 2017

Ville Avoisinant la Terre - Jorj A. Mhaya



Titre : Ville avoisinant la Terre

Auteur : Jorj Abou Mhaya

Publication : 2016

Maison d'édition : Denoël

Couverture : Gérard Lo Monaco / Nicolò Giacomin

Traduction : Traduit de l'arabe (Liban) par Sophie Guerrive et Jorj A. Mhaya

Nombre de pages : 80

Résumé : Farid Tawill, rentre du bureau un soir pour découvrir que l'immeuble dans lequel il habite avec sa famille a disparu et que sa ville est différente. Il ne reconnaît plus rien. D'étranges créatures hantent les rues (transsexuel philosophe, foules hystériques, un maire sous le costume de Batman obèse). Une atmosphère de violence sature ce labyrinthe confus livré au chaos. Complètement perdu, Farid se réfugie chez son ami Émile, qui vient de quitter femme et enfants pour s'installer avec sa maîtresse Ani, une très belle artiste. À mesure que la nuit avance, les fantômes, les remords, les espérances et les échecs du passé assiègent Farid.

Sur l'auteur : Jorj Abou Mhaya est né à Beyrouth pendant la guerre civile. Avant de s'intéresser à la bande dessinée, il a commencé par peindre : il expose ses premières toiles à l'âge de dix-sept ans à l'International Art Gallery de Londres. Il devient ensuite caricaturiste et illustrateur pour divers journaux et agences de publicité à Beyrouth et au Moyen-Orient. Ville avoisinant la Terre, son premier album, publié en langue arabe par les éditions Dar Onboz, a remporté le prix du meilleur album du Festival international de la bande dessinée d'Alger.




Commentaire personnel : Durant la 32ème Comédie du livre, à Montpellier, en Mai 2017 j'ai eu la chance de pouvoir m'occuper de cet auteur qui est incroyable. Il apprend toujours le français donc on a parlé en anglais. Il s'est installé à Aix-en-Provence récemment. C'est quelqu'un de très timide, réservé, calme, qui prend son temps. Jorj est un homme très talentueux, avec son propre style (il dessine des hommes avec de grands cous). Il utilise une technique particulière, mais c'est juste époustouflant. L'histoire semble être assez étrange à première vue, et elle l'est toujours à la deuxième. Cela n'empêche pas que le travail accomplit est incroyable, que tout est original (les cous, la couleur sépia, le style d'aquarelle...). Il m'a expliqué qu'il utilisait des métaphores pour montrer la violence de son pays (à travers notamment les foules qui courent violemment). Il m'a aussi fait comprendre que c'est Farid qui a tout imaginé, il pensait si fort à changer de vie qu'il s'est mit à tout imaginé, à ne plus voir son appartement, à voir des choses inexistantes... Il a tellement souhaité vivre une vie différente qu'il l'a eue. Jorj veut nous faire comprendre que l'imagination est toujours plus importante et plus présente que la réalité, et que nous devons faire attention à garder le juste équilibre afin de ne pas sombrer dans la sénilité.






En ce qui concerne l'étrange Batman bouffi, Jorj m'a gentiment répondu en me donnant son interprétation sur cet étrange personnage.




Traduction : Le Batman (gros-homme) ressemble aux voyous de la milice pendant la guerre, il y en avait beaucoup de ce type dans chaque milice libanaise portant le pseudonyme de Mad-Max, ou Rambo enragé etc.
Aussi ces types étaient au top de leur carrière après la guerre depuis qu'ils ont pris d'importantes positions au sein du nouveau gouvernement, mais ils conservent la même attitude et croyance vulgaire envers les gens et leurs rivaux.
Batman dans l'histoire est la caricature exagérée de ces genres de personnages.

The Other Hand - Chris Cleave


Titre : The other hand

Auteur : Chris Cleave

Publication : 2008

Maison d'édition : Sceptre

Couverture : LP/plainpicture

Nombre de pages : 374

Résumé : 
We don't want to tell you what happens in this book. It is a truly special story 
and we don't want to spoil it.
Nevertheless, you need to know enough to buy it so we will just say this :
This is the story of two women.
Their lives collide one fateful day, and one of them has to make a terrible choice.
Two years later, they meet again - the story starts here...
Once you have read it, you'll want to tell your friends about it. When you do, 
please don't tell them what happens either. The magic is in how it unfolds.

On ne veut pas te dire ce qui va se passer dans ce livre. C'est une vraie histoire spéciale 
et on ne veut pas la gâcher.
Néanmoins, tu dois savoir assez pour l'acheter alors on dira juste ça :
C'est l'histoire de deux femmes.
Leurs vies entrent en collision un jour fatidique, et l'une d'elles doit faire un terrible choix.
Deux ans plus tard, elles se renvoient encore - l'histoire débute ici...
Lorsque tu l'auras lu, tu auras envie d'en parler à tes amis sur ça. Quand tu le feras, 
s'il te plait ne leur dit pas ce qu'il se passe non plus. La magie est dans quoi elle évolue.

Sur l'auteur :

Cleave was born in London the 14th of May 1973, brought up in Cameroon and Buckinghamshire, and educated at Balliol College, Oxford where he studied psychology. He lives in the United Kingdom with his French wife and three children. Cleave's debut novel Incendiary  was published in twenty countries and has been adapted into a feature film starring Michelle Williams and Ewan McGregor. The novel won a 2006 Somerset Maugham Award and was shortlisted for the 2006 Commonwealth Writers' Prize. The audio book version was read by Australian actor, Susan Lyons.
His second novel, The Other Hand, was released in August 2008 and was described as "A powerful piece of art... shocking, exciting and deeply affecting... superb" by The Independent. It has been shortlisted for the 2008 Costa Book Awards in the Novel category. Cleave was inspired to write The Other Hand from his childhood in West Africa. Cleave is a columnist for The Guardian newspaper in London.

Cleave est né à Londres le 14 Mai 1973, a vécu au Cameroon et à Buckinghamshire, et a été à l'école Balliol à Oxford où il a étudié la psychologie. Il vit au Royaume-Uni avec sa femme française et leurs trois enfants. Le premier roman de Cleave, Incendiary, a été publié dans vingt pays et a été adapté dans un long-métrage avec Michelle Williams et Ewan McGregor. Le roman a gagné en 2006 le Somerset Maugham Award et a été nommé pour le prix des écrivains du Commonwealth en 2006. La version audio du roman a été lue par l'actrice australienne Susan Lyons.
Son second roman, The Other Hand, est sortit en Août 2008 et est décrit comme "Une puissante pièce d'art... choquante, excitante et profondément affectueuse... superbe" par The Independent. Il a été nominé pour le Costa Book Award en 2008 dans la catégorie Roman. Cleave était inspiré pour écrire The Other Hand grâce à son enfance dans l'Ouest de l'Afrique. Cleave est un chroniqueur pour le journal The Guardian à Londres.

Citation : "Most days I wish I was a British pound coin instead of an African girl. Everyone would be pleased to see me coming. Maybe I would visit with you for the weekend and they suddenly, because I am fickle like that, I would visit with the man from the corner shop instead - but you would not be sad because you would be eating a cinnamon bun, or drinking a cold Coca Cola from the can, and you would never think of me again. We would be happy, like lovers who met on holiday and forgot each other's names."

"La plupart du temps, j'aimerais mieux être une pièce d'une livre britannique qu'une fille d'Afrique. Tout le monde serait content de me voir arriver. Je pourrais vous rendre visite pour le week-end, par exemple, et puis d'un coup, parce que je ne tiens pas en place, je déciderai d'aller voir le type de la boutique du coin - mais vous ne seriez pas triste parce que vous, vous seriez en train de manger un petit pain à la cannelle ou de boire une cannette de Coca-Cola bien fraîche et vous ne penseriez plus jamais à moi. Nous serions heureux, comme deux amants qui se sont rencontrés, le temps des vacances et qui ne se souviennent même plus comment l'autre s'appelait"

Commentaire personnel :
This novel, not famous in France unfortunately, is very well-known in the United Kingdom and I know why now. It deals with tough subjects which we don't usually talk about, that is to say immigration, integration difficulties in a country we're not supposed to live in, friendship between a British adult journalist and a Nigerian teenager migrant. But this novel goes further than that, far beyond that, it'll deal with the power of remorses, violence in Nigeria, rape, death, tough subjects and painful, but always treated with softness and often with a touch of humour. This novel is highly enjoyable to read, very addictive. This is also a book about the quest for identity, where Little Bee is hiding below a fake name to escape men, to create herself a new life and to feel safer, more British.
Self-sacrifice, friendship, courage, generosity are the qualities of Sarah O'Rourke, a British journalist who will welcome Little Bee, a young teenager who has lived the horror in her country she ran away, and so she lived for two years in a detention centre for migrants. This novel is touching, Little Bee tries hard to assimilate herself even if she knows she's an illegal migrant, and she is aware she can count on Sarah's help.
I said too much on this story, I can't say all about it because there are so much sensational things to discover on this novel. Of course there's the French version (which I don't like the translation, so I recommend you to read it in English, it is very simple to read and to understand)


Ce roman, peu connu en France malheureusement, connaît un grand succès au Royaume-Uni et je sais à présent pourquoi. Il traite de sujets durs dont on n'a pas l'habitude de parler, c'est-à-dire l'immigration, les difficultés d'intégration dans un pays où on n'est pas censé habiter, l'amitié entre une journaliste adulte britannique et une immigrée adolescente nigérienne. Mais ce roman va beaucoup plus loin, bien au delà de cela, il va parler de la puissance des remords, de la violence du Niger, de viol, de mort, de sujets forts et douloureux, mais toujours traités avec délicatesse et souvent avec une pointe d'humour. Ce roman est fortement agréable à lire, très addictif. C'est aussi un livre sur la quête d'identité, où Little Bee (Petite Abeille) se cache sous un faux nom afin d'échapper aux hommes, afin de se créer une nouvelle vie et de se sentir plus en sécurité, plus anglaise.
Le sacrifice, l'amitié, le courage, la générosité sont des qualités de Sarah O'Rourke, une journaliste anglaise qui accueillera Little Bee, jeune adolescente ayant vécu l'horreur dans son pays qu'elle a fuit et donc elle a vécu deux ans dans un centre de détention pour immigrés. Ce roman est touchant, Little Bee tente de s'intégrer tout en sachant qu'elle est une immigré illégale, et elle sait qu'elle peut compter sur l'aide de Sarah.
J'en ai beaucoup dit sur l'histoire, je ne peux pas tout raconter car il y a tellement de choses sensationnelles à découvrir sur ce roman. Bien sûr il existe une version française (dont je n'aime pas la traduction, donc je conseille de le lire en anglais, il est très simple à lire et à comprendre)


mardi 9 mai 2017

Les Âmes des enfants endormis - Mia Yun




Titre : Les Âmes des enfants endormis

Auteur : Mia Yun

Publication : 2017

Maison d'édition : Denoël

Couverture : Peter Augustin

Nombre de pages : 275

Traducteur : Traduit de l'anglais par Lucie Modde

Résumé : Avec un père absent et peu fiable, la jeune Kyung-A, son frère, sa soeur et sa mère ne peuvent compter que sur eux-mêmes. De déménagements en nouvelles rencontres, d'emplois précaires en drames adolescents, chacun apprend à se débrouiller seul, fort de savoir qu'il pourra retourner auprès des siens à tout moment. Mais, le temps passant, les enfants se font happer par leur destinée individuelle et par la grande Histoire, et désertent ce foyer familial si fragile.

Sur l'auteur : Mia Yun naît à Séoul en 1956. Elle grandit en Corée du Sud avant de partir suivre un master d'écriture au City College de New York. Elle s'installe alors aux Etats-Unis, où elle mène une carrière de journaliste, traductrice et écrivain. Correspondante du journal Evergreen Review pour la Corée, elle vit aujourd'hui à Brooklyn. 

Citation : "Mère devait ne pas pouvoir s'offrir mieux que la vieille maison hantée. Un portail en bois surmonté d'un toit de tuile s'ouvrit avec un grincement aigu, nous donnant accès à une cour cimentée entourée de murs couverts de mousse, que des toits aériens et des corniches tombantes maintenaient à l'ombre. Des fleurs d'été aux couleurs vives s'ouvraient au bas des murs de brique, se détachant sur le fouillis des plantes grimpantes. Mon frère, ma soeur et moi prîmes soudain conscience que nous ne reverrions jamais le joli monde chatoyant et si sûr qui existait derrière le portail bleu."

Commentaire personnel : Ce roman me fait penser à une série de toiles. Mia Yun nous peint plusieurs scènes de la vie de Kyung-A, de son enfance, des moments passés avec son frère, sa soeur, ou encore sa cousine. Les sentiments de la petite héroïne ne sont pas implicitement décrits, et c'est pour quoi nous devons chercher à comprendre la situation, quand l'histoire se passe-t-elle, à quel âge elle peut avoir à ce moment-là... Le roman me fait penser à une série d'évènements de sa vie oui, décrits de manière très poétique. L'univers coréen est interpellant, on sent la beauté du regard sur la vie à travers les yeux innocents de Kyung-A. 


Mia Yun nous décrit les paysages afin de pouvoir voir ces toiles si fraîchement peintes. Beaucoup de mots coréens sont utilisés, ce qui implique encore plus notre entrée dans la société coréenne. Nous découvrons la pauvreté, la dureté des déménagements, la laideur mais aussi la beauté, la vie, la mort, les traditions coréennes, les plats typiques... Tout devient élément de vie dans ce décors qui nous est atypique. 
C'est malgré tout un roman plutôt vide car il n'y a aucune action. L'histoire est calme, tranquille, douce. Elle semble être une mélodie. Le texte pourrait être lu par la Mère, et nous pourrions nous endormir. Nous sommes transportés dans un autre monde, où la culture semble être venue d'ailleurs.
L'auteur nous transmet des conseils sur la vie de manière très féminine, fleurie et d'une grande beauté et sagesse sur des sujets particulièrement durs. C'est aussi un roman sur le temps qui passe, sur la jeunesse qui s'envole, sur le présent mais aussi particulièrement sur le passé. 



Enfants, nous avions toujours les yeux tournés vers l'avenir. Chaque jour passé 
contribuait au lendemain. Chaque lendemain à l'année suivante.
C'est ainsi que nous arrivions à supporter notre triste présent. Dans notre 
innocence, nous n'attendions du futur que de bonnes et savoureuses choses. 
Un jour, alors que je marchais dans la rue, je me suis rendu
compte que je ne pensais ni au futur ni même au présent. Mon esprit n'était plus
tourné que vers le passé. Un passé auquel je n'avais plus accès que par mes 
vagues souvenirs.