lundi 6 août 2018

Juste après la vague - Sandrine Collette



TitreJuste après la vague

Auteur : Sandrine Collette

Publication : 2018

Maison d'édition : Denoël

Couverture : Constance Clavel

Traducteur : ø

Nombre de pages : 302

Sur l'auteur




Sandrine Collette est née en 1970. Elle partage son temps entre l'écriture et ses chevaux dans le Morvan. Elle est l'auteur de Des nœuds d'acier, Un vent de cendres, Six fourmis blanches, Il reste de la poussière et Les larmes noires sur la terre.





Résumé : Il y a six jours, un volcan s'est effondré dans l'océan, soulevant une vague titanesque, et le monde a disparu autour de Louie, de ses parents et de ses huit frères et sœurs. Leur maison, perchée sur un sommet, a tenu bon. Alentour, à perte de vue, il n'y a plus qu'une étendue d'eau argentée. Une eau secouée de tempêtes violentes, comme des soubresauts de rage. Depuis six jours, ils espèrent voir arriver des secours, car la nourriture se raréfie. Seuls des débris et des corps gonflés approchent de leur île. Et l'eau recommence à monter. Les parents comprennent qu'il faut partir vers les hautes terres, là où ils trouveront de l'aide. Mais sur leur barque, il n'y a pas de place pour tous. Il va falloir choisir entre les enfants.

Citation :

- Il va falloir partir.
Madie ne répondit pas. Alors il ajouta :
- Il faut qu'on quitte l'île, vite. L'eau va tout recouvrir.
Et parce qu'elle ne chuchotait toujours pas la moitié d'un mot, il coula vers elle un regard misérable, en vain car elle ne lui pardonnerait pas, jamais, et dans ses yeux à elle lorsqu'il les croisa, il vit sa réponse.
Partir.
Oui mais.
- Je sais, bredouilla-t-il. Il ne dit pas : Ça va aller. Cette fois, ce n'était pas possible.
C'était un long voyage, il fallait des provisions. Pas loin de deux semaines.
Non, ce n'était pas cela, le souci. Que ce soit long, ils s'en arrangeraient. Ils mangeraient peu, se rationneraient. Les petiots comprendraient.
Peut-être si Liam et le père ramaient fort, douze jours. Mais douze jours, cela ne réglait toujours pas le problème. Le problème, c'était ce que le père n'arrivait pas à dire et qui lui arrachait la gueule : ils n'avaient qu'une seule barque.
Et la mère avait tout compris, comme il s'en doutait, parce qu'à ce moment-là elle posa sur lui un regard de feu, haine de désespoir mêlés, un regard qui l'accusait définitivement - et elle murmura, comme si c'était lui, rien que lui, comme si tout était sa faute, la mer, la tempête et le malheur :
- Qui vas-tu laisser ?


Commentaire personnel : Ce livre, à couper le souffle, nous donne un suspens incroyable. La fin, pour couronner le tout, nous laisse dans le doute, nous sommes libres de deviner la suite, chacun de notre côté, et l'auteur nous laisse sans réponse. 

Le roman est divisé en quatre parties : le prologue, ce qu'il se passe sur l'île avec les enfants abandonnés, ce qu'il se passe en mer avec le reste de la famille, et enfin les enfants abandonnés. 

Les chapitres sont courts et très bien écrits. Nous vacillons entre chacun des personnages et nous comprenons leurs choix, même si nous ne sommes pas toujours d'accord. 

Le voyage ne sera pas simple car la météo n'a pas dit son dernier mot, mais cette famille unie, soudée, prouve qu'elle se battra jusqu'au bout pour survivre. Se mêlent alors la survie de L'Odyssée de Pie et les vagues de The Impossible. Cette puissance, cette force que chaque enfant a, ce sacrifice qui surgit en chacun d'eux, est vraiment magnifique et est une belle leçon de vie. L'entraide, le sacrifice, la famille, le courage. Quatre mots-clés utilisés dans ce roman nous aide à nous familiariser avec les personnages et à entrer dans leur vie de tous les jours, barbare mais utile.

Très vite nous savons quels enfants sont laissés sur l'île et pour quelles raisons. Mais ce que nous ne savons pas dès le début, c'est quelle force ils possèdent, chacun d'entres eux, et la rage qu'ils ont afin de continuer à survivre ; ainsi que l'espérance de revoir le reste de leur famille. Énervés, détruits au début par l'abandon de leurs parents, ils se tournent au fil des jours vers de l'optimisme, vers un nouvel horizon, une seconde chance - celle d'avoir été épargnés par le tsunami. 

Ils veulent vivre.

mardi 31 juillet 2018

Je sais pas - Barbara Abel


TitreJe sais pas

Auteur : Barbara Abel

Publication : 2016

Maison d'édition : Pocket

Couverture : Rysk

Traducteur : ø

Nombre de pages : 440

Sur l'auteur






Barbara Abel vit à Bruxelles où elle se consacre à l'écriture. Prix Cognac avec L'instinct maternel, puis sélectionnée par le prix du Roman d'Aventures pour Un bel âge pour mourir, elle voit aujourd'hui son œuvre adaptée à la télévision et traduite en plusieurs langues. 









Résumé : C'est le grand jour de la sortie en forêt de l'école maternelle des Pinsons : un avant-goût de vacances. Tout se déroule pour le mieux jusqu'au moment du retour, quand une enfant manque à l'appel. Emma, cinq ans, a disparu. C'est l'affolement général. Que s'est-il passé dans la forêt? A cinq ans, on est innocent. Pourtant, ne dit-on pas qu'une figure d'ange peut cacher un cœur de démon?

Citation

Avec Emma, ses moyens d'investigation sont aussi restreints que ses certitudes. Il n'est a priori pas question de sa part de dissimuler des informations par pure malveillance, comme ce peut être le cas d'une personne adulte. La candeur de son jeune âge est son plus fidèle bouclier. Mais Dupuis décèle chez l'enfant une inquiétude équivoque qui, peut-être, guide l'aveu de son ignorance. Le plus terrible dans le "je sais pas" d'Emma, c'est qu'il dit clairement son refus de parler, sans qu'on puisse en appeler à la moindre responsabilité.
À cinq ans, on est innocent. Dans tous les sens du terme.


Commentaire personnel : Je ne connaissais pas cet auteur mais j'ai tout de suite accroché à l'histoire. En quatre jours à peine je l'avais terminé, et si je n'avais pas mon travail, je l'aurais certainement terminé en deux. Je défilais les pages à toute allure. La fin m'a beaucoup surprise même si je m'y attendais un peu. 

La gamine, qui a le même prénom que le mien, est juste insupportable, et nous, lecteurs, sommes les seuls à détenir la clé de toute l'histoire. Nous savons ce qu'il s'est passé lors de cette journée en forêt, mais ni les parents, ni les enquêteurs ne le savent. Et c'est ça qui est super, que j'ai vraiment aimé, mais qui m'a rendue folle. Je me disais "mais c'est Emma, faites quelque chose, vous voyez pas que c'est une mytho ??". Mais non, l'histoire continue, l'intrigue reste présente, les adultères se terminent lorsque la mort apparaît.

La fin n'est certes pas gaie, mais j'ai adoré ce dénouement. Le dernier chapitre se situe dix ans après, Emma a donc quinze ans, et nous nous situons à une de ses séances chez le psychologue. On s'aperçoit alors que la petite n'a pas changé, et a même transgressé. Le mal qu'elle porte en elle s'est développé.

Le personnage du père est aussi très intéressant. On le découvre sous un nouveau aspect à la fin, très surprenant.

Je conseille vivement cette belle surprise. 

Cette course contre la montre.

vendredi 27 juillet 2018

[Angor] - Franck Thilliez



Titre[Angor]

Auteur : Franck Thilliez

Publication : 2014

Maison d'édition : Pocket

Couverture : Axel Mahé

Traducteur : ø

Nombre de pages : 638

Sur l'auteur


Né en 1973 à Annecy, Franck Thilliez, ancien ingénieur en nouvelles technologies, vit actuellement dans le Pas-de-Calais. Il est l'auteur de Train d'enfer pour Ange rouge, La Chambre des morts, Deuils de miel, La Forêt des ombres, La mémoire fantôme, L'anneau de Moebius et Fractures, Le Syndrome, Gataca, Atom[ka], Vertige, Puzzle, Rêver, et Sharko. 




Résumé : D'où vient ce cauchemar qui la hante depuis sa greffe du cœur ? Camille, gendarme à Villeneuve-d'Ascq, voit chaque nuit une femme enfermée l'appeler au secours. Un rêve aussi réel qu'un souvenir. Elle n'a dès lors plus qu'une obsession : retrouver l'identité de son donneur.
À une centaine de kilomètres de là, Sharko et Henebelle n'ont guère le temps de pouponner leurs jumeaux : une femme, victime d'une longue séquestration, les yeux presque blancs, dépourvus d'iris, a été découverte... sous un arbre.
Et leur enquête prend un tournant plus curieux lorsque Sharko comprend qu'à chaque nouvelle piste, il est devancé par une jeune femme, gendarme dans le Nord...

Citation :

Le flic était mal à l'aise parce que, chaque fois qu'il fermait les yeux, il voyait le sourire de ses jumeaux, leur fragilité. Foulon avait un jour été comme eux. Lui aussi avait souri, joué avec un hochet et été bercé. Lui aussi avait été aussi innocent que Jules et Adrien. Mais la violence avait commencé à s'enraciner en lui, à le gangrener de l'intérieur sans qu'il s'en rende compte. Une araignée qu'on écrase gratuitement. Une mouche dont on arrache les ailes, une fourmi qu'on crame à la loupe. Tout le monde avait fait ça, pour jouer, parce que le copain le faisait. 
Mais lui, Foulon, il avait fonctionné différemment. Ses pulsions l'avaient mené chaque fois un peu plus loin. Les chats, les chiens... Jusqu'à son premier passage à l'acte sur des êtres humains. Sa toute première fois. 
Dès lors, la machine meurtrière avait été lancée, impossible à arrêter.


Commentaire personnel : Ce roman bouleversant ne m'a pas laissée insensible. Les scènes sont crues et violentes. Parfois avec la tête qui tourne, le gore toujours présent, cela ne m'a pas empêchée de continuer ma lecture. C'était vraiment du Thilliez. On suit l'histoire de Camille et le chapitre suivant celle de Sharko, et les deux finissent par se rencontrer. C'est toujours comme ça que l'auteur fonctionne, et c'est ça que j'aime chez lui. Il ose, il ne nous fait pas perdre le fil de l'histoire. Rien n'est confus, tout fonctionne. L'histoire est horrible mais j'ai adoré la lire et la découvrir. 

J'ai détesté Camille mais j'ai été touchée par Nicolas Bellanger qui est vraiment une belle personne et qui n'hésite pas à se sacrifier pour ceux qu'il aime. 

Par mégarde j'avais lu Pandemia juste avant, qui est la suite de [Angor]. Du coup ça m'a spoilé certains éléments de l'histoire. Donc il faut bien les lire dans l'ordre afin d'éviter les mauvaises surprises et de ne pas comprendre le fil du roman.

Il est plein d'éléments, ça part dans tous les sens, mais il reste un excellent polar. Thilliez reste pour moi le meilleur auteur thriller français. 

mercredi 18 juillet 2018

Récidive - Sonja Delzongle



TitreRécidive

Auteur : Sonja Delzongle

Publication : 2017

Maison d'édition : Folio (Policier) mais d'origine Denoël

Couverture : Tim Robinson

Traducteur : ø

Nombre de pages : 469

Sur l'auteur



Née en 1967, Sonja Delzongle a exercé le métier de journaliste pendant six ans, tout en commençant à écrire, riche de sa culture franco-slave et de sa passion pour le noir. C'est avec Dust, paru chez Denoël, qu'elle fait une entrée remarquée parmi les auteurs qui comptent dans le thriller français. Suivent Quand la neige danse et Récidive
Sonja Delzongle vit aujourd'hui à Lyon et se consacre à ses romans. 



Résumé : New York, printemps 2014, Hanah Baxter, profileuse française qui traque les tueurs en série, est de retour chez elle après un voyage en Californie. Elle a assisté à l’exécution de Jimmy Nash, un meurtrier sadique qu’elle avait aidé à capturer et qui voulait lui faire une dernière confession. Peu à peu, des événements étranges envahissent son quotidien. De mystérieux appels anonymes retentissent à toute heure. Des réminiscences inexplicables hantent ses nuits. Et la terreur s’empare d’elle… 
Saint-Malo, hiver 2014. Du haut des remparts, sorti de prison, Erwan Kardec contemple la mer en savourant sa liberté. Il y a trente ans, il a tué sa femme à mains nues, devant leur fille, Hanah. Jamais il n’aurait été démasqué si la fillette n’avait eu le courage de le dénoncer. Malade, nourri d’une profonde haine, il n’aura de cesse de la retrouver avant de mourir. Le compte à rebours est enclenché, la confrontation sera inévitable. Mais la vérité n’est pas toujours celle qu’on imagine…

Citation :

Enfin libre. Après vingt-cinq années d'enfermement. Deux fois dix et cinq passés entre les murs. C'est derrière lui, maintenant. Et pourtant si présent. Il a le sentiment qu'il sera enfermé jusqu'à la fin de sa vie. Enfermé dans une autre prison. La sienne. Sa solitude de damné. Sa haine.


Commentaire personnel : Ce livre terminé en quelques jours à peine, m'a énormément plu. C'est incroyable le talent de cet auteur. Récidive est pour moi un meilleur roman que Boréal que j'ai eu la chance de recevoir par Denoël. En plus d'avoir rencontré l'auteure, de lui avoir parlé en mai dernier, c'est d'autant plus impressionnant de lire une œuvre aussi incroyable. Ce thriller est époustouflant car il prend aux tripes. Le stress tout le long, mais surtout le suspens, l'envie de savoir ce qu'il s'est passé le soir du naufrage du Hilda, mais surtout : pourquoi la mère d'Hanah Baxter a-t-elle été assassinée par son père? Que cache-t-il? 
Son retour à la nature après avoir été diagnostiqué d'un cancer en phase 4, Erwan Kardec n'a plus rien à perdre et veut retrouver Hanah, sa fille, qui l'a envoyé vingt-cinq ans en prison. Ce compte à rebours vers sa mort, mais aussi vers ces retrouvailles non souhaités par la fille, ce jour viendra à la fin du roman et nous le savons dès le début du roman.
Le premier chapitre est déboussolant car nous ne situons pas ce premier du second, mais vite tout rentre dans l'ordre. Les chapitres se mélangent afin de mieux comprendre chaque action et chaque personnage. 
Je me suis prise d'attache pour Yvan, victime d'un père homophobe et très dur, mais j'ai détesté Hanah. Ces deux ont eu une enfance difficile avec un père qui n'a pas été présent pour eux.
Leur rapprochement font aussi leur distinction.
Je conseille de thriller à tous car ils ne seront pas déçus de la fin. Du dénouement.

mardi 26 juin 2018

Là où vivent les loups - Laurent Guillaume


TitreLà où vivent les loups

Auteur : Laurent Guillaume

Publication : 2018

Maison d'édition : Denoël (Sueurs Froides)

Couverture : Constance Clavel

Traducteur : ø

Nombre de pages : 302

Sur l'auteur





Ancien flic et désormais consultant international en lutte contre le crime organisé, Laurent Guillaume écrit des romans et des scénarios lorsqu'il ne voyage pas. Son expérience à la BAC, aux stups et en Afrique de l'Ouest comme coopérant imprègne ses histoires, sombres et tourmentées. Il est également lauréat du prix des lecteurs 2015 du festival Sang d'encre. Il a créé et scénarisé avec Olivier Marchal la série Section Zéro pour Canal +. Là où vivent les loups est son huitième roman.






Résumé : Le train arrive dans la petite gare de Thyanne, terminus de la ligne. Priam Monet descend pesamment d'un wagon. Presque deux mètres pour un bon quintal et demi, mal sapé et sentant le tabac froid, Monet est un flic misanthrope sur la pente descendante. Son purgatoire à lui c'est d'être flic à l'IGPN, la police des polices. Sa mission : inspecter ce petit poste de la police des frontières, situé entre les Alpes françaises et italiennes. Un bled improbable dans une vallée industrieuse où les règles du Far West ont remplacé celles du droit. Monet n'a qu'une idée en tête, accomplir sa mission au plus vite, quitte à la bâcler pour fuir cet endroit paumé.
Quand on découvre dans un bois le cadavre d'un migrant tombé d'une falaise, tout le monde pense à un accident. Pas Monet. Les vieux réflexes ont la peau dure, et le flic déchu redevient ce qu'il n'a cessé d'être : un enquêteur perspicace et pugnace. La victime était-elle un simple migrant ? Qui avait intérêt à la faire disparaître ? Quels lourds secrets cache la petite ville de Thyanne ? Monet va rester bien plus longtemps que prévu. 

Citation :

- Dieu merci, je vous ai trouvés. J'ai besoin d'aide !
Il allait ajouter que des types tentaient de l'occire quand il se figea. L'un des pandores dégrafait maladroitement son étui pour extraire son arme de service. Le type braqua son flingue sur le fugitif qui bondit vers la forêt. Un coup de feu retentit et il sentit le déplacement d'air de la balle qui passait à quelques centimètres de sa tête en piaulant. Il tourna les talons et courut à perdre le peu de souffle qui lui restait. Un second coup de feu claqua. Il gémit et accéléra encore sa course. De la route, il entendit gueuler :
- Tire pas, abruti, il a dit pas d'armes à feu !
La détonation avait excité les chiens qui hurlaient de plus belle. Rapidement, les aboiements se firent plus proches et, lorsqu'il parvint sur une sorte de petit promontoire rocheux, ils étaient quasiment sur lui. Il pouvait entendre les cris de ses poursuivants qui se donnaient des indications : "Il est là-bas, je l'ai vu vers le gros rocher." Puis : "Le con, il est baisé. Il va vers l'abîme."
Et effectivement, il était baisé. Il se trouvait en haut d'une falaise d'au moins deux cents mètres. En bas, il pouvait voir la vallée, la rivière grise, la route nationale, les villages et au loin Thyanne. La civilisation. Il voulut faire demi-tour, mais déjà une demi-douzaine de péquenauds, vêtus comme des militaires du dimanche et armés jusqu'aux dents, avaient déboulé sur le promontoire. Certains tenaient en laisse ces gros chiens de chasse américains aux bajoues et regard tombant. Mais leurs muscles puissants et leurs crocs d'ivoire ne tombaient pas, eux. Il ferma les yeux, il n'y avait aucune échappatoire. Il les rouvrit et les leva au ciel. Il vit la silhouette planante d'un aigle survoler la scène, indifférent à ce qui se jouait en dessous.
Putain, je peux pas crever ici, se dit-il en regardant les péquenauds avancer vers lui avec des sourires de triomphe. 


Commentaire personnel : J'ai fini ce livre en quelques jours, car il est plutôt court et amusant. Le langage utilisé est majoritairement oral, et ce que j'ai préféré dans ce livre c'est le personnage principal. Car c'est rare d'avoir un "héros" détestable. Gros, suant, puant, parlant mal, détestable, misanthrope et qui ne supporte pas la campagne, c'est bien le portrait que nous pouvons dresser de Priam Monet. On peut facilement l'imaginer, s'arrêtant à chaque étage essoufflé, ou s'enfilant des hamburgers sans se soucier de l'image que l'entourage puisse lui donner. 

C'est donc une histoire bien farfelue qui est derrière l'histoire du corps retrouvé sans vie, cet homme à l'aspect d'un migrant. L'histoire aurait pu être une affaire classée très rapidement, mais Monet est persuadé qu'il a été tué et pour une bonne raison. Il enquêtera sans relâche sur cette affaire.

Le Monet que nous découvrons au début du roman se transformera petit à petit en un homme quelque peu plus sociable, moins détestable, plus gentil, respectueux, et humain. Une émotion se créée dès lors qu'il rentre sur Paris à la fin de l'enquête. 

Car cette enquête n'est pas seulement de savoir qui a tué l'homme, mais elle deviendra une quête sur lui-même, afin de déterminer qui est-il, quel homme il aspire à devenir.

Même si il semble fixé et déterminé par ses pensées, Monet change, malgré son âge, et nous fait bien comprendre qu'il faut sortir de son habitude, de son traintrain, qu'il faut partir et découvrir de nouvelles horizons afin d'apprendre sur nous-même et d'évoluer.

Son personnage est touchant. Blessé par les moqueries qu'il a connues enfant, il parvient à supporter le regard des autres, et même à l'accepter, toujours avec son arrogance et son sarcasme.

Je conseille donc ce livre pour son efficacité, son émotion, son histoire, son personnage, et par cette fin que je qualifierai d'humaine.

dimanche 17 juin 2018

Mère Toxique - Alexandra Burt




Titre : Mère Toxique

Auteur : Alexandra Burt

Publication : 2018

Maison d'édition : Denoël (Sueurs Froides)

Couverture : Constance Clavel

Traducteur : traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Perrine Chambon

Nombre de pages : 461

Sur l'auteur : 




Alexandra Burt est née en Allemagne. Elle quitte l'Europe pour  les Etats-Unis à la fin de ses études et commence une carrière de traductrice littéraire. Parallèlement à son activité, elle commence à écrire ses propres récits et voit rapidement ses nouvelles publiées dans différents magazines littéraires. Alexandra est membre de Sisters in Crime, un cercle littéraire américain de femmes auteurs de polars. Mère toxique est son second roman publié chez Denoël, après Little Girl Gone en 2017.





Résumé : De son enfance, Dahlia se souvient surtout de nuits dans des hôtels miteux et d'un quotidien chaotique à sillonner les routes du pays, au côté d'une mère complètement déjantée.
Devenue adulte, Dahlia cherche désespérément à prendre le contre-pied de cette vie, mais son enfance clandestine et le mystère qui entoure sa naissance l'empêchent d'aller de l'avant. La jeune femme décide de se rendre auprès de sa mère à Aurora, petite ville poisseuse au beau milieu du Texas. Elle plonge alors dans le passé d'une femme au bord de la folie.
Après une découverte macabre dans une ferme voisine, Dahlia comprend que certains secrets devraient rester enterrés à tout jamais...

Citation : 

Je pense : "Un corps enterré", comme si j'avais enfin résolu une énigme qui m'occupait depuis longtemps. Mon esprit s'embrouille, débloque. Mon odorat est décuplé et la terre mêlée aux feuilles pourrissantes rend l'atmosphère irrespirable. Je sens venir la paranoïa, j'imagine qu'on m'observe, non, je n'imagine pas, je sais que quelqu'un m'observe.
Je regarde les arbres autour de moi. Je sais ce que je suis : une proie. Je laisse échapper un bref sanglot qui m'est monté dans la gorge.
Je n'ai pas de preuves, juste une certitude, une intuition, et mes yeux se fraient un chemin entre les racines noueuses. Je me répète "Cours" et mon corps m'obéit une fois de plus. 

Commentaire personnel : Tout le livre tourne autour d'un thème : la femme. La femme est omniprésente, chaque chapitre traite d'une femme importante afin de mieux comprendre le fil de l'histoire. Ce fil que l'on perd de temps en temps. On alterne l'histoire de Dahlia, Quinn, Memphis.. Mais quel lien existe-il entre ces femmes ? Nous savons que Memphis est la mère de Dahlia. Mais un mystère tourne autour de Quinn, que vient-elle faire dans l'histoire ? Qu'apporte-t-elle au récit ? Pourquoi s'attache-t-on a elle ? Qui est-elle ?
La vérité sur ces questions est surprenante.
Ce livre m'a quelque peu déçue par ses longues descriptions, qui sont, selon moi, inutiles car elles n'apportent rien au récit. Mais vers la fin, le bouquin devient beaucoup plus intéressant car il répond enfin aux questions que l'on se posait. Nous comprenons le pourquoi du comment. Les souvenirs vagues de l'enfance de Dahlia, pourquoi elle a des trous de mémoire... Et surtout qui est cette Quinn ?

Quinn, ce personnage mit de côté tout le long du roman mais pourtant très important car c'est une femme blessée, abandonnée par les hommes, humiliée, utilisée, usée. Elle doit être forte pour obtenir ce dont elle désire. La femme devient alors un déterminant de puissance, car même blessée la femme n'abandonne pas ses attentes. Elle se bat et persévère même si elle n'oublie jamais ce qu'elle a vécu qui est d'une extrême violence. 

Des scènes sont marquantes, choquantes, et surtout dures à lire, mais nous permettent finalement de nous fondre dans le personnage, et de comprendre un peu mieux la femme qu'elle est devenue à la fin du roman, même si ça n'explique pas ses gestes.
Ce discours assez vague ne peut pas être plus précis, je ne veux surtout pas spoiler le retournement de situation de la fin.

J'ai eu beaucoup de mal à lire ce bouquin, et j'ai bien mis 250 pages afin de le trouver intéressant et  surtout digne des "Sueurs Froides" de Denoël. Il ne faut pas perdre le fil du récit en s'accrochant aux personnages et à leurs récits. Car on pourrait manquer les fantômes du passé.

mardi 22 mai 2018

La Loi du silence - Anita Terpstra



TitreLa Loi du silence

Auteur : Anita Terpstra

Publication : 2017

Maison d'édition : Le Livre de Poche

Couverture : Studio LGF

Traducteur : traduit du néerlandais par Emmanuèle Sandron

Nombre de pages : 410

Sur l'auteur







Anita Terpstra est née en 1974 aux Pays-Bas. Elle a étudié le journalisme et l'histoire de l'art. Son premier roman, Night Flight, a été nominé pour le Shadow Prize et le Crimezone Thriller Award. La Loi du silence est son quatrième roman.








Résumé : Alma Meester, son mari, Linc, et leurs enfants, Iris et Sander, semblent être une fille heureuse. Tout bascule lorsque Sander, âgé de onze ans, disparaît avec un petit camarade lors d'une colonie de vacances. Le corps de ce dernier est retrouvé, mais Sander, lui, semble s'être évaporé dans la nature. Cinq ans plus tard, un jeune homme se signale à un poste de police en Allemagne. Il affirme être Sander, le garçon disparu des années plus tôt. Fous de joie, Alma et Linc peuvent à nouveau serrer leur fils dans leurs bras. Pourtant les retrouvailles sont loin d'être parfaites, et la famille commence à douter. Sander est-il vraiment celui qu'il prétend être ? Lui qui a toujours été un garçon étrange, au comportement parfois malsain, n'est plus tout à fait le même... Pour le savoir, ils devront se replonger dans un passé qu'ils préfèreraient oublier. Qu'est-il réellement arrivé pendant la colonie de vacances ?
Secrets, mensonges et faux-semblants... un thriller psychologique tendu, inspiré d'une histoire réelle.

Citation

A partir du moment où elle l'avait perdu, elle avait été obsédée par l'idée de sa mort, par la pensée qu'elle ne le reverrait plus jamais et surtout pas la certitude qu'elle avait échoué dans sa mission de mère car elle n'avait pas su le protéger. Pourtant, l'idée de sa mort lui avait paru parfois plus supportable que l'hypothèse qu'il soit encore en vie, qu'elle lui manquait, qu'il l'appelait quand il avait mal ou qu'il était triste, qu'il avait besoin d'elle et qu'elle n'était pas là pour le consoler.


Commentaire personnel : Ce roman m'a bouleversée. J'ai accroché dès les premières pages et je n'ai pas su m'arrêter. L'histoire est vraiment prenante, et la fin à couper le souffle. 
Ne connaissant pas les romans des Pays-Bas, je suis super heureuse de m'occuper d'Anita Terpstra lors de la Comédie du Livre à Montpellier cette année. D'autant plus sachant que j'ai dévoré son livre. C'est incroyable comme les personnages semblent réels, que l'on est soulagés d'apprendre le retour de Sander, même si l'on sait qu'il est très différent si l'on compare à avant sa disparition.
Quelque chose ne tourne pas rond, et on s'empresse de tourner les pages pour connaître le dénouement de l'histoire. Tellement d'incidents se sont déroulés avant la disparition de Sander, et maintenant qu'il est de retour, il parle peu, semblent calme, distrait, ne se rappelle pas de certains évènements marquants de son enfance (comme la noyade de son meilleur ami).
Et lorsqu'on arrive à la fin... J'ai lu les dix dernières pages la bouche ouverte, car je ne m'y attendais pas du tout, mais alors vraiment pas.
Je conseille vraiment ce livre pour son originalité, pour l'écriture, pour l'aspect réel de l'histoire (le roman est inspiré d'une histoire vraie). Mais aussi pour la force de la mère, qui n'a jamais lâché prise, qui a toujours espéré revoir son fils. Toute la beauté du roman repose sur ce personnage, à la fois si fort et si fragile.

L'amour (en plus compliqué) - Jim



TitreL'amour (en plus compliqué)

Auteur : Jim

Publication : 2018

Maison d'édition : Grand Angle

Couverture : Jim

Traducteur : ø

Nombre de pages : 288

Sur l'auteur


Jim, de son vrai nom Thierry Terrasson, est né le 21 mars 1966 à Niort. Il s'est installé dans le sud, à Montpellier avec sa femme et ses deux enfants. Il est l'auteur d'une centaine de bande-dessinées, de plusieurs court-métrages, et tente désormais de faire adapter ses BD au cinéma.
L'amour (en plus compliqué) est son premier roman de nouvelles.
(Et en plus, c'est mon père!) 










Résumé : C'est l'histoire d'une rencontre, c'est la magie des premiers jours. C'est une histoire d'amour qui nous réveille en pleine nuit, et un chagrin qui serre le cœur.
C'est un mariage, c'est une claque, c'est une maman qui ne voit pas assez souvent ses enfants, c'est une histoire de textos vides... C'est l'histoire d'un couple qui se sépare d'un couple d'amis, c'est percuter la voiture d'une fille bien trop jolie, c'est un rouge à lèvres coco, c'est avoir cinq ans et s'endormir à la table des grands, se sentir emporté dans les bras de son père jusqu'à son lit...

Quelque chose comme la vie.
Quelque chose comme l'amour. En plus compliqué.

Citation :


Papillon

Il marche en tenant la main de sa fille, à la sortie de l'école il l'entraîne vers le parc. Elle sourit, sa fille. Elle sourit et elle parle beaucoup. Elle raconte que Guillaume lui a demandé si elle voulait venir à son anniversaire, samedi. Mais si, tu sais papa, Guillaume, je t'ai parlé de lui hier. Et avant-hier. Et avant-avant-hier. Tu m'écoutes ou pas quand je parle ?
- Ah oui, bien sûr, Guillaume. C'est ton amoureux ? il demande, le papa.
- Mais non. T'es bête ! J'suis pas amoureuse?
- Ah bon ? Et comment tu le sais que tu n'es pas amoureuse ?
- Parce que je n'ai pas les papillons dans le ventre, elle répond. Pour l'instant, je n'ai que des larves...

Commentaire personnel : Chacune des nouvelles sont indépendantes, n'ont pas de logique entre elles. Ce qui donne un caractère unique à chaque histoire. On peut dire :
- Tu vois l'histoire?
- Laquelle ?
- Textos vide ?
- Ah oui, elle est super celle-là.

Et c'est avec une très jolie écriture singulière que Jim écrit ses histoires, toutes aussi originales que farfelues. Certaines sont émouvantes, d'autres très drôles, avec souvent une phrase de chute à la fin qui fait sourire le lecteur. 
Il parle de sa mère, de sa fille (moi), mais aussi de plein d'autres histoires fictives sur l'amitié et sur la famille, sur les coups sans lendemain et sur l'amour qui dure toute la vie, sur les soirées arrosées et les journée calmes, sur la mort et sur la vie, sur la tromperie et sur la fidélité. Jim traite de tout, avec une pointe d'arrogance et de folie.
On reconnaît son écriture, et son génie.


Je t'aime papa.

Plein de Promesses - Ulysse Terrasson


TitrePlein de Promesses

Auteur : Ulysse Terrasson

Publication : 2018

Maison d'édition : Grand Angle

Couverture : Jim

Traducteur : ø

Nombre de pages : 221

Sur l'auteur






Ulysse est un jeune écrivain né le 18 mars 1995 et vit à Montpellier. Il est passionné depuis enfant par la musique, où il a fait de la guitare et a pris des cours de piano. Il publie en Mai 2018 son premier roman, sur les difficultés du fait de grandir et d'avoir vingt ans.
(De plus, c'est mon frère)








Résumé : Vous souvenez-vous de votre jeunesse ? De votre premier amour ? Du premier appartement, quand vous avez quitté vos parents ? Vous rappelez-vous ces amis que vous aviez alors, avec qui vous refaisiez le monde la nuit, que vous vous promettiez de ne jamais perdre, que vous avez fini par perdre ? Vous rappelez-vous l'excitation, la peur, la foi en l'avenir et le premier cœur brisé ? Vous souvenez-vous du joyeux bordel qui précède les vingt ans ?
Ce livre, c'est moi. C'est vous. Ce sont les derniers jours du condamné à devenir adulte. Mêlant autofiction et roman d'apprentissage, composé d'une succession de chapitres courts, ciselés, tranchants, Plein de promesses raconte avant tout la crise d'un homme pas encore homme. 
La crise de la vingtaine.

Citation

Mon enfant

Ulysse, mon enfant, il m'arrive parfois d'entrer dans ta chambre, tu sais. Une vieille habitude. J'aimais bien te regarder écrire, peindre ou jouer de la guitare, avant. Mais aujourd'hui, ce n'est plus possible. Et c'est une chambre vide que je regarde.
Mon enfant, j'ai compris, tu grandis. C'est normal de vouloir un appartement. Surtout si tu veux goûter à l'indépendance, si tu veux vivre tes propres expériences. Mais Ulysse, ça va faire deux semaines que tu es grand et indépendant. Quand est-ce que tu reviens vivre à la maison ?
Quand tu étais petit, ta maman et moi on te tenait la main. Pour t'apprendre à marcher. On te lâchait progressivement. C'était tes premiers pas de petit. Aujourd'hui, c'est un peu le même sentiment. Plus fort. Plus profond. Il va falloir te lâcher. Que tu fasses tes premiers pas de grand.
Et ça va être difficile, mon enfant.



Commentaire personnel : Voir son propre frère passer le cap et réaliser son rêve, celui de devenir écrivain, c'est beaucoup d'émotions. Je suis tellement fière des années de travail qu'il a achevé pour ce roman. Parce que j'ai adoré. (Et non, j'essaye d'être objective!)
C'est un roman de courts chapitres, qui se suivent. Ils ont donc chacun un lien entre eux, et sont très courts. Ce qui facilite encore plus la lecture. De plus, les chapitres sont très différents. Cela peut être une chanson d'Aznavour, de la fiction ou des passages autobiographiques. Dans tous les cas, Ulysse a beaucoup réfléchit dans chacun de ses chapitres, pour pouvoir nous donner de l'émotion ; que ce soit de la tristesse, un rire ou un sourire, nous ne restons pas insensibles à son roman. 
Tout au long du roman, nous nous rapprochons de l'étape si effrayante qu'il atteint au dernier chapitre : les vingt ans. Ça le terrifie. Il se dit qu'il doit être mature, mais en même temps il veut s'amuser. Il veut s'engager, mais pas trop quand même. Il souffre de peines de cœur, mais aussi d'amour. Dans toutes les situations, il est toujours entouré. Et la morale de ce roman est que la vie commence vraiment lorsque nous avons vingt ans. 
Nous nous attachons à son personnage, qui, je le rappelle, n'est pas seulement réel puisqu'il s'agit aussi de fiction. Ce personnage qui souffre, qui se fait prendre pour un moins que rien, qui a des pensées pas toujours faciles à lire, mais qui sait qu'il pourra toujours compter sur sa famille. Car les amis viennent et s'en vont, mais la famille reste.

Très fière de ce que tu as accompli, je t'aime chouchou.