samedi 15 juillet 2017

Partir - Tina Seskis



Titre : Partir

Auteur : Tina Seskis


Publication : 2015


Maison d'édition : première édition chez Cherche midi, édition sur la photo chez Pocket


Couverture : Stéphanie Roujol



Traducteur : Traduit de l'anglais par Florianne Vidal

Nombre de pages : 425

Sur l'auteur







Tina Seskis vit à Londres avec son mari et son fils. Partir est son premier roman. Il est suivit en 2016 de Six femmes. Ses romans sont traduits dans 60 pays différents.











Résumé : Un mari apparemment charmant. Un fils adorable. Une maison ravissante. Emily Coleman est une femme comblée. Pourtant, un beau matin, elle prend le train pour Londres, bien décidée à tout laisser derrière elle. C'est désormais sous l'identité de Catherine Brown (Cat) qu'elle partage un appartement miteux avec des colocataires et occupe un travail sans avenir. Elle n'aspire désormais qu'à une seconde chance. Mais qu'est-ce qui a pu la pousser à abandonner une vie qui semblait si parfaite ? Quel est ce secret qu'elle protège avec tant de force ?

Citation :

On frappe. Lorsque je lève la tête, je m'aperçois que des heures ont passé. Angel est là, sur le seuil, dans sa robe de chambre blanche. "Oh désolée, je t'ai réveillée, trésor ? Tu veux toujours sortir faire les magasins ? Il faut qu'on se dépêche si..." Elle voit ma tête. J'ai l'impression que, pendant mon sommeil, toute la douleur de ces trois derniers mois s'est plaquée sur mon visage, comme un masque de tragédie. Je ne comprends pas pourquoi la vision de cet homme sur la pelouse m'a autant bouleversée. Mais c'est un fait, il m'a RECONNUE. Il n'existe donc aucun endroit où je puisse me cacher ? Angel s'assoit au pied de mon lit, je me redresse et recommence à sangloter en râlant comme un animal blessé. On doit m'entendre dans toute la maison mais je m'en fiche, ils peuvent penser ce qu'ils veulent. Je me recroqueville en essayant de contenir la douleur qui me laboure la poitrine. Angel est tellement atterrée qu'elle reste immobile à me regarder et, quand elle sent que je me calme un peu, elle me prend la main sans rien dire. Nous restons un très long moment ainsi, face à face, puis j'essuie mes yeux et dis, d'une voix aussi joyeuse que possible : "Je serai prête dans dix minutes, si tu es toujours partante." Angel répond : "Bien sûr, si tu en as envie, allons-y, trésor." C'est hallucinant, elle n'essaie même pas de me consoler, elle se contente de m'accepter comme je suis.

Commentaire personnel : Ce roman m'a bien plu mais j'avoue avoir été déçue de la fin. Le "gros secret" que l'on attend depuis le début n'est pas si gros que ça. Oui c'est triste mais c'est du déjà-vu. 
On suit ici l'histoire donc d'Emily qui, dès le premier chapitre est dans le train pour Londres où elle laisse tout derrière elle. Elle fuit son ancienne vie, sa maison, sa famille, son mari Ben, Charlie, tout, pour tout recommencer à zéro seule. Bien sûr, elle ne prévient personne de son départ. Tout le monde se fait un sang d'encre. Chaque chapitre alterne entre la première personne au présent, et le suivant à la troisième personne dans le passé où on suit l'histoire de plusieurs personnages. D'abord celle de la mère d'Emily quand elle accouche d'Emily et de sa sœur jumelle, Caroline. On suit petit à petit l'ambiance un peu malsaine dans cette famille déjantée, où Frances, la mère, est la seule personne "normale" avec Emily. Andrew, le père, ne fait que tromper Frances et la rend malheureuse. Caroline a commencé sa vie avec de gros problèmes de poids ; en effet elle a vécu jusqu'à un certain âge en sous-poids. Elle était anorexique, puis en grandissant elle comptait les calories afin de ne pas grossir. À l'adolescence elle se met à prendre de la drogue, à boire énormément et à voler dans les magasins.
Dans sa nouvelle vie, Emily prend le nom de Cat Brown (Frances l'a appelée à sa naissance Catherine Emily Brown). Elle ressemble de plus en plus à sa sœur jumelle, et sombre dans le mal de jour en jour. Elle vit d'abord dans un appartement horrible avec beaucoup de colocataires. Elle y rencontre Angela qui se fait appeler Angel. Tout de suite c'est le coup de foudre, elles deviennent les meilleures amies du monde. 
Seulement, elle n'arrive pas à se faire enlever de la tête sa vie d'avant, même après un an. Elle garde en elle un secret sur son ancienne vie qu'elle ne veut révéler à personne.

J'ai trouvé l'écriture très bien, très légère, simple à lire, agréable. En une soirée je voulais lire une vingtaine de pages car il était tard et j'étais fatiguée, mais je n'arrivais pas à m'arrêter. J'ai lu plus de cent-cinquante pages au final quand je l'ai enfin posé. Après, je pense que certains peuvent être surpris par la fin, je l'ai été aussi. Mais je m'attendais à plus de l'auteur, vu la qualité de ce roman. Il se lit très vite et donc oui, je le conseille.
L'auteur veut nous montrer à travers Emily les difficultés d'intégration pour toutes les personnes qui essayent de changer de vie et de s'adapter à ce nouveau style. Cela comprend ceux qui fuient leur passé, mais aussi les migrants, ceux qui ont eu des problèmes avec la justice, ou ceux qui n'ont rien à perdre.

dimanche 9 juillet 2017

Docteur Sleep - Stephen King



Titre : Docteur Sleep

Auteur : Stephen King


Publication : 2013


Maison d'édition :Le Livre de Poche 


Couverture : Sean Freeman


Traducteur : Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nadine Gassie

Nombre de pages : 757

Sur l'auteur




Né en 1947 à Portland (Maine), Stephen King a connu son premier succès en 1974 avec Carrie. En une trentaine d'années, il a publié plus de cinquante romans et autant de nouvelles, certains sous le pseudonyme de Richard Bachman. Il a reçu de nombreuses distinctions littéraires, dont le prestigieux Grand Master Award des Mystery Writers of America pour l'ensemble de sa carrière en 2007. Son oeuvre a été largement adaptée au cinéma.



Résumé : Danny Torrance, le petit garçon, qui, dans Shining, sortait indemne de l'incendie de l'Overlook Palace, est devenu un adulte. Alcoolique et paumé comme l'était son père, il est maintenant aide-soignant dans un hospice où, grâce aux pouvoirs surnaturels qu'il n'a pas perdus, il apaise la souffrance des mourants. On le surnomme Docteur Sleep. Lorsqu'il rencontre Abra, une fillette de 13 ans pourchassée par un étrange groupe de voyageurs, Danny va retomber dans l'horreur. Commence alors une guerre épique entre le bien et le mal...

Citation :

Du coin de l'oeil, il aperçut quelque chose d'écrit sur le miroir au-dessus du lavabo. Écrit au rouge à lèvres.
Je ne dois pas regarder.
Trop tard. Sa tête avait pivoté ; il entendit les tendons grincer dans son cou comme de vieux gonds rouillés. Et après ? Quelle importance ? Il savait ce que c'était. Mrs. Massey avait disparu, Horace Derwent avait disparu, solidement bouclés dans les coffres-forts qu'il gardait rangés tout au fond de son esprit, mais l'Overlook n'en avait pas encore terminé avec lui. Sur le miroir, écrit non pas au rouge à lèvres mais avec du sang, il y avait ce seul mot :

TROMAL

Et en dessous, dans le lavabo, un petit T-shirt des Braves d'Atlanta maculé de sang.
Ça n'en finira jamais, pensa Danny. L'Overlook a brûlé et ses fantômes les plus terribles sont enfermés dans des coffres-forts, mais je ne peux pas enfermer le Don parce qu'il n'est pas juste à l'intérieur de moi, il est moi. Sans alcool pour les anesthésier au moins un peu, ces visions continueront jusqu'à me rendre fou.
Il voyait son reflet dans le miroir avec TROMAL flottant devant son visage, appliqué comme une marque au fer rouge sur son front. Ce n'était pas un rêve. Il y avait le T-shirt d'un enfant assassiné dans son lavabo et un chapeau rempli de sang dans sa baignoire. La folie guettait. Il pouvait la voir approcher dans ses grands yeux exorbités.
Et puis, comme le faisceau d'une torche dans le noir, la voix de Dick Halloran : Fils, tu vois peut-être des choses, mais c'est comme les images dans un livre. Tu n'étais pas sans défense à l'Overlook quand tu étais petit et tu n'es pas sans défense aujourd'hui. Loin de là. Ferme les yeux, et quand tu les rouvriras, toutes ces horreurs auront disparu.
Il ferma les yeux et attendit. Il essaya de compter les secondes mais ne pu aller au-delà de quatorze avant que les nombres se perdent dans le tumulte rugissant de ses pensées. Il s'attendait presque à sentir des mains -peut-être celles de la femme au chapeau - se refermer autour de sa gorge. Mais il resta debout là. De toute façon il n'avait nulle part ailleurs où aller.
Rassemblant son courage, Dan ouvrit les yeux. La baignoire était vide. Le lavabo était vide. Il n'y avait rien d'écrit sur le miroir.

Commentaire personnel : Stephen King a révélé dans une interview qu'il s'était pas mal posé la question à propos du futur de Danny Torrance. Il a reçu même plusieurs questions sur lui par des fans qui désiraient en savoir un peu plus. Se prêtant au jeu, King nous livre ici un roman encore mieux que Shining, beaucoup plus mature, plus flippant. On a le thrill du début à la fin, sans cesser de faire défiler les pages. Le suspens est incroyable et est poussé très loin, comme il a l'habitude de faire.
Au début je n'ai pas bien suivit tous ces mélanges de personnages. Il faut savoir qu'il y en a plusieurs dans les cent premières pages, et il faut s'accrocher pour suivre parce qu'ils seront tous très importants  par la suite. Après avoir compris les personnages clés, on devient accro. 
Pour ceux qui commencent la lecture et qui ne comprennent pas deux trois éléments, je vais essayer de vous expliquer.

Qu'est-ce que c'est que le Nœud Vrai ? C'est un groupe de plusieurs personnes, une centaine, qui ont "cyclé" car ils possèdent en partir le Don. Ils ne sont plus vivants mais ne sont pas morts non plus. Ils vivent (presque) éternellement et survivent en aspirant la vapeur du Don des autres. Soit ils aspirent toute la vapeur en torturant les victimes jusqu'à ce que mort s'en suive, soit ils les font se transformer en eux. Abra, la jeune fille pense que ce sont des sortes de vampires.

Qui est Abra ? C'est une jeune fille de treize ans au milieu du roman. Elle commence à développer le Don dès son plus jeune âge sans le vouloir. Elle peut lire dans les pensées des autres, arrive à laisser son corps où elle est, mais placer son esprit dans un autre endroit pour manipuler les autres... Elle a le Don dix fois plus fort que Dan. Elle a deux parents (Lucy et Dave [David]) et une arrière grand-mère, Concella qui est italienne. Abra, lorsqu'elle a trois ans environ, arrive à communiquer avec Danny grâce à un tableau noir qui est chez lui. Dix ans plus tard, ils se rencontrent enfin car elle a des problèmes avec les gens du Nœud Vrai. Ils veulent prendre toute la vapeur d'Abra car elle possède un Don incroyable, et pourrait les soigner de la rougeole qui tue toute la Tribu du Nœud Vrai à petit feu. Abra, avec l'aide de Dan, va essayer de s'en débarrasser. Comme King le dit si bien dans le roman, La vie est une roue, et elle revient toujours à son point de départ. L'auteur a choisi en effet de faire se dérouler la scène du "combat final" sur le terrain où se dressait autrefois l'Overlook Palace. Est-ce un hommage ou une simple malédiction ? En tout cas ce que je peux dire, c'est que King a gentiment placé des références à Shining tout au long de Docteur Sleep

J'ai lu ce roman en français a contrario de Shining, mais je pense avoir fait un bon choix car le langage était un poil plus complexe que le dernier. L'écriture reste simple, grossière comme du Stephen King, mais on voit qu'il a acquis de l'expérience à travers toutes ses années d'écriture.

Encore une fois l'auteur arrive à nous faire rentrer dans la tête du personnage principal. Mais là il s'est surpassé encore une fois car il a réussi à nous faire rentrer dans la peau non seulement de Danny Torrance, mais en plus de Abra.

Autre détail que j'ai relevé et qui m'a fait pensé à un épisode de Dr. House (oui je trouve toujours des rapprochements à des séries, je sais), c'est Azraël (Azzie). C'est le vieux chat qui se trouve dans l'hôpital où travaille Dan. Ce chat a lui aussi le Don, mais le Don de prédire la mort des gens. Ce qu'il fait, c'est qu'il se met sur le lit d'un des mourants, et attend que Dan vienne. Quand il arrive, Azzie repart car il a accomplit son travail. Et à ce moment là on sait que le patient ne va pas tarder à mourir. Dans ces cas-là, Dan sait ce qu'il doit faire. Il enfile la blouse de Docteur Sleep et parvient à les faire mourir en douceur, en les faisant passer de "l'autre côté" sans souffrir. Quand il fait ça, Dan a une vision de la vie du mourant en accéléré. C'est le petit côté fleur bleue de King, ça, non ?