samedi 30 septembre 2017

Mémoires d'une Geisha - Yuki Inoue





TitreMémoires d'une Geisha

Auteur : Yuki 
Inoue

Publication : 1997

Maison d'édition : Picquier poche

Couverture : Picquier & Protière

Traducteur : traduit du japonais par Karine Chesneau

Nombre de pages : 280

Sur l'auteur : ??

RésuméNée en 1892, vendue à l'âge de huit ans, Kinu Yamaguchi fera l'apprentissage du dur métier de geisha. C'est un peu l'envers du décor qu'elle raconte : avant de porter le kimono de soie, il lui faudra vivre un apprentissage rigoureux, étudier tous les arts de divertissement et endurer pour cela privations, exercices physiques traumatisants, soumission aux coups sous les ordres de la " Mère " et des " grandes sœurs ". Après son initiation sexuelle, elle s'enfuira, puis reviendra vivre dans le " quartier réservé " avant de devenir elle-même patronne d'une maison de geishas. 
Récit bouleversant, description édifiante de la vie de tous les jours dans l'intimité d'une okiya, avec ses cérémonies, ses coutumes, ses fêtes et ses jeux. On y entend des histoires de plaisirs, de chagrins, de courage aussi, qui éclairent sous un jour nouveau ce monde fermé sur lequel l'Occident ne cesse de s'illusionner.

Citation

Beaucoup de patronnes détestaient voir les geishas, "celles qui excellent dans les arts", entreprendre l'étude de la lecture et de l'écriture au Nyokôba. Il était en effet habituel d'interdire les journaux jusqu'à la fin du remboursement de leur dette. "Les lectures d'articles ne sont pas une bonne chose pour une geisha", ne cessaient de répéter les "mères" à leurs "filles". Kinu s'entendait dire : "Tu pourrais devenir "dérangeante". Et puis surtout, ne lis pas de livres. Si tu deviens savante, tu ne pourras jamais trouver de protecteur !" Ces femmes pensaient qu'il valait mieux pour les geishas rester à l'écart de la société et ignorer les nouvelles du monde. Elles ne tenaient pas à ce que leurs jeunes recrues se mettent à réfléchir, et c'était ce qui se passait lorsque celles-ci parcouraient des livres. Dans sa jeunesse, Kinu aimait les romans et en particulier ceux d'Izumi Kyôka qu'elle ne pouvait lire que la nuit et en cachette de la mère. A la lumière de la flamme d'une lampe à pétrole dont la mèche était à peine sortie, elle lisait un livre emprunté à l'un de ses clients, prenant sur ses heures de sommeil pourtant nécessaire après son fatigant travail aux zashiki. Kinu appréciait l'écrivain Izumi parce que, me dit-elle un jour : "Comme n'importe quelle adolescente, j'aimais, j'adorais ou j'admirais toujours quelqu'un. Et comme dans notre milieu, de tels sentiments étaient mal vus, je me sentais d'autant plus attirée par ces histoires romanesques qui me faisaient complètement rêver." Mais son petit manège était très vite démasqué (à cause de la diminution du niveau de pétrole) et plus d'une fois, elle se fit sévèrement réprimander.


Commentaire personnel : Ce roman nous plonge dans le Japon du XXème siècle. Ayant une idée vague de ce qu'est la geisha, j'ai pu apprendre les rites de passages, mais aussi quelques mots comme taata, mizu-age, okkasan... Taata est le nom qu'on donne à Kinu, pour dire "petite fille" quand elle arrive dans l'okiya. Le Mizu-age c'est le rite de passage des geishas lorsqu'elles perdent leur virginité avec un homme choisi par leur "mère", c'est-à-dire la patronne. Nous sommes donc plongés dans la culture asiatique, dans la nourriture jusqu'aux plantes, passant par les croyances et les prédictions. 
Kinu est la geisha dont l'histoire est racontée dans ce roman. Elle a une petite soeur, Sato, et un petit frère, Goichi. Sato deviendra par la suite geisha comme sa soeur, et Goichi pauvre comme leur père. 
On comprend petit à petit la difficulté de leur métier. Elles sont vendues très jeunes à la maison de geisha (okiya) pour une somme d'argent versée leurs parents. Puis pendant plusieurs années elles doivent apprendre le métier, c'est-à-dire apprendre l'art, la danse, le chant, apprendre à bien s'exprimer, à verser le thé d'une certaine manière... Elles portent des chaussures qui leur serrent les pieds afin d'avoir des petits pieds toute leur vie. 
Kinu travaille d'arrache-pied, et lorsqu'elle fait son mizu-age, donc lorsqu'elle perd sa virginité avec un inconnu décidé par sa "mère", elle sait que c'est à partir de ce moment précis qu'elle devient geisha. Le mizu-age est très important dans une maison de geisha car un client va payer beaucoup plus cher pour dépuceler une geisha. À partir de ce moment, chaque moment compte. Elle doit coucher avec un nombre inimaginable de partenaires différents afin d'avoir suffisamment d'argent pour rembourser sa dette. Quand la dette est remboursée, les geishas sont libres, mais comme le travail est difficile à trouver à cette époque, nombreuses sont celles qui restent travailler jusqu'à quarante ans, voire plus. 
Kinu est différente. Elle rembourse sa dette avec succès, devient célèbre dans les environs, et part. Elle fuit chez son oncle et se réfugie afin de retrouver son amant, mais leur histoire ne marchera pas. Elle décide alors, avec l'aide de sa soeur Sato, d'ouvrir sa propre okiya. 

L'histoire était passionnante, mais malgré que ce soit un classique, je n'ai aimé que la fin. Je l'ai trouvé long, avec un peu trop de mots japonais à mon goût. Cela devenait lassant lorsque l'histoire n'avançait pas. Ayant l'habitude de lire des polars, l'action n'était pas au rendez-vous, mais je le savais avant de lire ce roman donc cela ne m'a pas choqué. En revanche, je conçois que ce livre soit riche en détails de la dure vie quotidienne d'une geisha, et certaines informations m'ont vraiment plues. Je suis donc partagée sur ce livre.

lundi 18 septembre 2017

Rêver - Franck Thilliez




TitreRêver

Auteur : Franck Thilliez

Publication : 2016

Maison d'édition : Pocket

Couverture : Stéphanie Lacombe

Traducteur : ø

Nombre de pages : 630

Sur l'auteur








Né en 1973 à Annecy, Franck Thilliez, ancien ingénieur en nouvelles technologies, vit actuellement dans le Pas-de-Calais. Il est l'auteur de Train d'enfer pour Ange rouge, La Chambre des morts, Deuils de miel, La Forêt des ombres, La Mémoire fantôme, L'anneau de Moebius et Fractures.  







Résumé : Psychologue réputée pour son expertise dans les affaires criminelles, Abigaël souffre d'une narcolepsie sévère qui lui fait confondre le rêve de la réalité. De nombreux mystères planent autour de la jeune femme, notamment concernant l'accident qui a coûté la vie à son père et à sa fille, et dont elle est miraculeusement sortie indemne.
L'affaire de disparition d'enfants sur laquelle elle travaille brouille ses derniers repères et fait bientôt basculer sa vie dans un cauchemar éveillé... Dans cette enquête, il y a une proie et un prédateur : elle-même.

Citation


Que sommes-nous, sans mémoire, sans souvenirs, sans le rappel de ces visages, de ces voix qui ont accompagné nos existences ? Juste un point sur la courbe du temps ? Une fleur qui a éclos, mais sans parfum ni couleur ? À 50 ans, ne saurait-elle plus qui elle était avant ? Aurait-elle oublié toute la jeunesse de Léa ? La grossesse, la naissance, les premiers anniversaires ? Elle fixa la lumière des phares, se comparant à cette route éclairée sur trente mètres.

Commentaire personnel : Ce livre a été indubitablement le meilleur polar que je n'ai jamais lu, et pourtant j'en ai lu pas mal. Ce roman nous retourne le cerveau grâce à cette vision omnisciente de Abigaël. Il y a des moments où l'on se dit "est-elle en train de rêver ? Est-elle réveillée ? Est-ce que c'est la vérité ce qu'elle vit ou est-ce plutôt un mensonge ?" Comment dissocier le rêve de la réalité ? 
Avec sa narcolepsie, Abigaël doit prendre un médicament tous les jours qui lui donne des trous noirs et sa mémoire flanche puis disparaît petit à petit. Elle ne se souvient plus de son enfance et se réveille parfois au beau milieu de l'après-midi sans savoir ce qu'elle a fait ces deux derniers jours. L'enquête menée sur la disparition des quatre enfants et stressante et cauchemardesque. Impossible d'arrêter de lire ce roman, vous ne pourrez pas, donc n'essayez pas. Vous voudrez savoir ce qu'il se passe par la suite. On en devient accro du début à la fin. Cette dernière est d'ailleurs incroyable. J'avais deviné certains vis cachés mais la fin reste dingue, et dieu sait à quel point les fins de polars sont difficiles et l'on en est même souvent déçus. Le stress est à son comble.
L'enquête menée est donc sur la disparition de quatre enfants : Alice, Victor, Arthur, et une petite fille dont on ignore l'identité. Lors de la disparition de chacun des enfants, un épouvantail est dressé par le kidnappeur avec les vêtements des victimes, un peu de leur sang pour pouvoir les identifier, avec des cheveux sur la tête et les yeux noircis. Aucun des corps n'a été retrouvé, mais pourtant les recherches s'intensifient et les policiers ne perdent pas de temps. Le kidnappeur est surnommé Freddy, comme Freddy Krueger car il agit la nuit, et on apprendra par la suite qu'il a un rapport avec le sommeil des enfants. Ce malade mental joue avec Abigaël et s'amuse à regarder les policiers et la psychologue travailler avec difficulté dans cette affaire.
Franck Thilliez est un génie qui écrit incroyablement bien. Il nous fait nous interroger sur l'existence, la réalité, le rêve, le cauchemar et surtout l'espoir. Qu'il ne faut jamais perdre espoir. 

dimanche 10 septembre 2017

Gabrielle ou le jardin retrouvé - Stéphane Jougla




TitreGabrielle ou le jardin retrouvé

Auteur : Stéphane Jougla

Publication : 2017

Maison d'édition : Denoël

CouvertureObstgarten mit Rosen (Orchard with roses) de Gustav Klimt 

Traducteur : ø

Nombre de pages : 221

Sur l'auteur







Stéphane Jougla est né en 1964 à Toulouse. Après des études de droit et de lettres, il a longtemps travaillé dans l'édition juridique. Il enseigne aujourd'hui dans un collège REP (Réseau d'éducation prioritaire) à Nanterre. Son premier roman, L'idée (Gallimard, 2003), a obtenu le prix Méditerranée des lycéens.










RésuméGabrielle a deux passions : la lecture et son jardin. Lorsqu’elle meurt accidentellement, le monde de Martin, son compagnon, s’effondre. Inconsolable, il s’efforce de maintenir vivant le souvenir de la femme qu’il aimait. Lui qui n’ouvrait jamais un livre et pour qui le jardin était le domaine réservé de Gabrielle, se met à lire ses romans et à entretenir ses fleurs. C’est ainsi qu’il découvre un secret que, par amour, Gabrielle lui avait caché. Ce secret bouleversera sa vie, mais lui permettra de surmonter son deuil d’une manière inattendue.

Citation

Il ne se rappelait aucun désir formulé par Gabrielle quant à sa dispersion. Compte tenu de la quantité de cendres, il ne pouvait se permettre d'en saupoudrer tout le jardin - ou alors ce serait vraiment une pincée par-ci par-là. Il n'avait pas imaginé que répandre les cendres de sa bien-aimée fût aussi complexe ; il avait anticipé la symbolique du geste, non le geste lui-même. Devait-il saisir les cendres par poignées pour les semer à la volée, ou bien retourner l'urne au-dessus d'une plante? Mais laquelle? À présent, il voyait Gabrielle se pencher sur chaque rosier, arroser chaque brin d'herbe, détacher une à une les fleurs fanées du rhododendron...
C'est alors qu'une bourrasque de vent souffla dans le jardin.
Il eut à peine le temps de fermer les yeux.
Quand le vent eut cessé, il avança à tâtons vers les deux marches et, sentant bruisser sous ses doigts une boule de pétales, frotta son visage et cligna des paupières.
Il se tenait devant le grand hortensia.
Un nuage, qui avait eu la fantaisie de prendre la forme d'un cœur, s'était déposé au pied de la plante. Martin le fixa comme si Gabrielle allait y apparaître. Il aurait voulu aussi prononcer quelques incantations, mais son aimée mettait un point d'honneur à nommer de leur nom botanique toutes les plantes de son jardin, il chercha en vain le nom de celle-ci.
Tant pis, finit-il par dire, je te baptise. Désormais, tu seras l'hortensia Gabriella
Cependant aucun prodige n'eut lieu. Aucun souffle magique ne vint animer la cendre déposée sur le sol.
Martin resta seul dans le jardin.

Commentaire personnel : J'ai lu ce petit roman en une soirée. Les chapitres sont très courts, variant de trois lignes à six pages. L'écriture est plutôt grosse et ne prend pas toute la page, ce qui facilite la lecture. 
C'est un très beau livre sur le deuil amoureux. Lors du premier "chapitre", Amélie (enceinte alors) et son mari visitent un appartement avec un jardin, et Amélie tombe sous le charme de cet endroit riche d'histoire. Son mari est réticent en vue du bazar. C'est dès le deuxième chapitre, jusqu'à l'avant-avant-dernier, que l'histoire des anciens habitants débute, l'histoire de Martin Robinson. Ce deuxième chapitre débute avec la mort de sa femme Gabrielle Beauchan, une professeure de français. Petit à petit, Martin plonge dans la dépression. Les courts chapitres vont être sur sa démence, les différentes étapes lors de la mort d'un être cher, comme par exemple la première fois qu'il faut changer les draps du lit (Martin prit conscience qu'il n'avait pas changé les draps depuis qu'il vivait sans Gabrielle, c'est-à-dire qu'il ne vivait plus. Pour ne pas faire entorse à la règle, il décida de patienter deux nuits supplémentaires. Ce furent deux nuits d'un adieu interminable, déchirant, à l'odeur du corps de son amante), l'incinération, le premier Noël, le premier flocon de neige...
C'est un roman très touchant et qui donne de l'espoir. Le roman nous dit de ne pas faire comme Martin, de ne pas s'enfermer seul, où tous les souvenirs sont présents, de ne pas reprendre les activités de son épouse (en l'occurence le jardinage et les livres), de sortir le plus possible, continuer son travail et ne pas se faire licencier, parler de sa tristesse aux autres, continuer à manger, toujours être entouré d'amis...

Je pense que le deuil est un sujet dur et délicat à traiter, qui a ici été traité avec élégance. L'écriture est très jolie, poétique par moments et drôle par d'autres. 
L'avant-dernier chapitre est un retour à la réalité, mais plutôt un retour vers le futur, car Amélie et son mari vivent dans la maison depuis maintenant 10 ans et ont une petite fille. Ils croisent un homme noir qui entre par la porte du jardin et qui touche à l'hortensia. Le dernier chapitre sera alors consacré à cet homme, à ses gestes. La fin est, comme le reste du roman, vraiment touchante.

Ne meurs jamais seule - Lisa Jackson




Titre : Ne meurs jamais seule (Never die alone)

Auteur : Lisa Jackson


Publication : 2017


Maison d'édition : Harper Collins Noir


Couverture : R. Pépin 2017

Traducteur : traduit de l(anglais (États-Unis) par Emmanuelle Debon

Nombre de pages : 444

Sur l'auteur







Lisa Jackson est une habituée des listes des meilleures ventes aux États-Unis, où chacun de ses romans est un succès. Incontestablement l'une des "reines du crime", elle est membre de Mystery Writers of America et de International Thriller Writers.












RésuméA la veille de leurs 21 ans, Chloe et Zoe, les jumelles Denning, disparaissent. Le mode opératoire semble indiquer qu’il s’agit du tueur des 21, un serial killer censé purger sa peine en prison depuis des années. Le détective Rick Bentz et son acolyte Montoya replongent dans les dossiers ténébreux d’une affaire classée.
Brianna Hayward, psychologue et proche de la mère des jeunes filles, est bouleversée par leur disparition. D’autant qu’elle se bat depuis des années pour faire sortir son cousin, accusé d’être le tueur en série. Pour en convaincre la police de la Nouvelle-Orléans, elle est prête à accepter l’aide du séduisant reporter Jase Bridges, qui voit en cette histoire l’ingrédient qui pourrait booster sa carrière… à moins que Brianna ne découvre le secret qui le lie à sa jumelle décédée, Arianna Hayward. 

Bentz, Montoya, Brianna, Jase : parviendront-ils à remonter la piste jusqu’à la tanière du monstre avant qu’il ne soit trop tard ? 

Citation

Hélas ! elle n'entendait que sa propre respiration, le goutte-à-goutte d'une fuite quelque part dans la pièce, et le tic-tac sinistre de la pendule qui égrenait les dernières minutes de sa vie. A l'idée que tout risquait de finir ici, dans cette cave humide, elle fut secouée d'un frisson. A moins qu'elle ne parvienne à trouver un moyen de transformer ce petit bout de verre en arme. Zoe avait déjà tailladé la gorge de ce salaud. Comme il avait réussi à s'en sortir, elle pensait que Zoe n'avait pas entamé la jugulaire, la carotide, ou quel que soit le nom du machin qu'il fallait trancher. Elle devait toucher une artère. Va pour la fémorale.

Commentaire personnel : J'ai trouvé que c'était un très bon thriller, très surprenant. Un tourne-page vif, prenant, du début à la fin. Il y a beaucoup de personnages dans ce roman, il est possible de s'y perdre un peu au début, mais on comprend vite qui est qui. Le défaut que je ferai c'est le fait qu'il y ait beaucoup trop de jumeaux/jumelles dans cette histoire. Car le tueur des 21 est un homme qui tue seulement des jumelles (jumeaux aussi par la suite) le jour et l'heure exacte de leurs 21 ans. 
Ce roman est sombre, et assez gore. La fin est surprenante, je ne l'avais pas vue venir, sauf lorsque l'on découvre certains éléments supplémentaires sur les personnages. Tous les éléments ont toujours un lien entre eux et finissent pas revenir tôt ou tard. 
C'est un très beau livre sur le lien qui unit les frères et les sœurs jumeaux, mais surtout sur la perte de l'un d'eux. 
Brianna, la psychologue, a créé un groupe de soutien pour les personnes qui ont perdu leur jumeau/jumelle, car plus jeune sa sœur jumelle est décédée. Durant cette heure de partage, les gens n'hésitent pas à se confier sur leur manque, leur tristesse, et conseillent ceux dans le besoin.

Ce polar nous met dans la peau de chacun des personnages d'un point de vue externe mais omniscient. Nous comprenons ce qu'ils pensent et ressentent, nous avons peur avec Zoe et Chloe, nous retombons sous le charme de Jase avec Brianna, nous sommes morts d'inquiétude pour ses filles avec Selma, nous tentons de déchiffrer l'enquête avec Bentz... Chaque personnage est différent et unique, et la fin est très jolie. Ce roman est cinématographique, on le voit très facilement adapté au cinéma. Nous imaginons la cabane dans les bois où sont enfermées Chloe et Zoe, la rivière où cette dernière s'y perd, le bar où Jase et Brianna se retrouvent, le monstre colossal qui ne porte qu'un tablier...

En plus de ces qualités, ce roman se lit très rapidement et n'est pas décevant. 
En tout cas, en lisant la fin, j'espère et je pense qu'il y aura une suite !

mardi 5 septembre 2017

1984 - George Orwell





Titre : 1984


Auteur : George Orwell


Publication : 1949

 
Maison d'édition : Folio


Couverture : Georges Rohner "L'homme et la machine" (détail)

Traducteur : traduit de l'anglais par Amélie Audiberti

Nombre de pages : 391

Sur l'auteur



George Orwell est le nom d'écriture de Eric Arthur Blair. Il est né en 1903 en Inde et est mort de la tuberculose à 46 ans en 1950 à Londres. L'adjectif "orwellien" est utilisé en référence à l'univers totalitaire imaginé par l'écrivain anglais.  Il est considéré comme un écrivain visionnaire, créateur de la figure du Big Brother. 
Eric Blair s'engage dans l'armée britannique en 1922 et devient sergent en Birmanie. Il démissionne en 1927 et retourne à Londres, décidant alors de ne se consacrer qu'à l'écriture. C'est de cette expérience qu'il tire son dégoût de l'impérialisme.





Résumé : 1984 est un roman d'anticipation et se déroule à Londres. Ici, le monde présenté est fictif et est divisé en trois continents : l'Océania (les "Amériques, les îles de l'Atlantique, y compris les îles Britanniques, l'Australie et le Sud de l'Afrique"), l'Eurasia ("toute la partie nord du continent européen et asiatique, du Portugal au détroit de Behring") et l'Estasia ("comprend la Chine et les contrées méridionales de la Chine, les îles du Japon et une portion importante, mais variable, de la Mandchourie, de la Mongolie et du Tibet"). L'Océania, où se déroule l'histoire, vit sous une dictature très forte. Il y a un parti unique où le chef est inexistant mais pourtant omniprésent : Big Brother. C'est un personnage que personne n'a vu mais que malgré tout nous savons qu'il nous épie.

Big Brother est infaillible et tout-puissant. Tout succès, toute réalisation, toute victoire, toute découverte scientifique, toute vertu, sont considérés comme émanant directement de sa direction et de son inspiration. Personne n'a jamais vu Big Brother. Il est un visage sur les journaux, une voix au télécran. Nous pouvons, en toute lucidité, être sûrs qu'il ne mourra jamais et, déjà, il y a une grande incertitude au sujet de la date de sa naissance. Big Brother est le masque sous lequel le Parti choisit de se montrer au monde. 

 Il regarde les faits et gestes de chacun et n'hésite pas à torturer, à emprisonner et à tuer les personnes qui n'obéiront pas à lui. Le slogan Big Brother is watching you ! (Big Brother vous regarde) est symbolique du régime totalitaire et montre bien l'omniprésence du parti. Ce dernier est composé de trois autres slogans : "La guerre c'est la paix", "La liberté c'est l'esclavage", "L'ignorance c'est la force", que l'on retrouve souvent dans le roman. 
La politique de ce monde visionnaire est composé de quatre ministères. Le ministère de la Paix s'occupe de la guerre, celui de la Vérité, des mensonges, celui de l'Amour, de la torture, celui de l'Abondance, de la famine.
Le personnage principal est Winston Smith, il a la quarantaine et travaille au ministère de la Vérité. C'est-à-dire qu'il a pour but de modifier les journaux déjà publiés afin de corriger les "erreurs" du Parti. Il fait donc parti du ministère qui fait en sorte de modifier la vérité afin de faire croire à la population ce qu'il veut. Le parti ne se trompe jamais. Lorsque l'Histoire est réécrite, nous pouvons être sûrs que ce que nous lisons est vrai, même si il y a écrit que la Terre est neuve de 1 000 ans, alors nous devons le croire.

C'est donc sous ce régime totalitaire que Winston tente de se rebeller, de vivre une histoire d'amour qui est interdite, d'avoir des sentiments qui sont proscrits, d'avoir sa propre liberté de pensée autre que celle du parti, ce qui est formellement condamné. 

Pour l'anecdote, le personnage principal de 1984 s'appelle Winston Smith, et ce nom n'a pas été choisi par hasard. D'abord Winston car l'homme le plus populaire en Grande-Bretagne à cette époque était bien évidemment Winston Churchill ; et Smith puisque c'est le nom de famille le plus répandu en Angleterre. Winston Churchill a d'ailleurs dit à son médecin avoir lu deux fois le roman et l'avoir adoré.  

Analyse personnelle de la fin : J'ai regardé quelques sites sur ce roman, expliquant qu'à la fin du roman, Winston est libéré, revoit Julia et avec indifférence ils prennent chacun un chemin opposé. Ma version de la fin est différente. Comme le dit Winston à un moment dans le roman, quand tu es prisonnier tu peux te prendre une balle à n'importe quel moment, mais en revanche tu le sais dix secondes avant. Je pense donc qu'à la fin, le dernier chapitre serait finalement les dix secondes de fin de vie du personnage principal, idéalisant sa liberté. Il aurait donc imaginé être libre, dehors, sur une terrasse d'un café, en train de boire un verre de Gin immonde, aurait croisé Julia, lui aurait parlé, et ils se seraient séparés. La balle serait un retour à la réalité, son entrée dans finalement ce que j'appellerais la liberté dans ce monde totalitaire et violent, où la liberté d'expression et de pensée n'ont pas leur place.

Citation :

Il prit le livre d'Histoire élémentaire et regarda le portrait de Big Brother qui en formait le frontispice. Les yeux hypnotiseurs le regardaient dans les yeux. C'était comme si une force énorme exerçait sa pression sur vous. Cela pénétrait votre crâne, frappait contre votre cerveau, vous effrayait jusqu'à vous faire renier vos croyances, vous persuadant presque de nier le témoignage de vos sens.
Le Parti finirait par annoncer que deux et deux font cinq et il faudrait le croire. Il était inéluctable que, tôt ou tard, il fasse cette déclaration. La logique de sa position l'exigeait. Ce n'était pas seulement la validité de l'expérience, mais l'existence même d'une réalité extérieure qui était tacitement niée par sa philosophie. L'hérésie des hérésies était le sens commun. Et le terrible n'était pas que le Parti tuait ceux qui pensaient autrement, mais qu'il se pourrait qu'il eût raison.
Après tout, comment pouvons-nous savoir que deux et deux font quatre ?