samedi 6 janvier 2018

Réparer les vivants - Maylis de Kerangal




TitreRéparer les vivants

Auteur : Maylis de Kerangal

Publication : 2014

Maison d'édition : Folio

Couverture : Narelle Autio / Agence Vu (détail)

Traducteur : ø

Nombre de pages : 299

Sur l'auteur

Maylis de Kerangal publie son premier roman, Je marche sous un ciel de traîne. Elle crée par la suite les Éditions du Baron Perché spécialisées dans la jeunesse où elle travaille de 2004 à 2008, avant de se consacrer à l'écriture. Elle participe aussi à la revue Inculte.
En 2010, Naissance d'un pont remporte à l'unanimité et au premier tour le prix Médicis. Le livre remporte aussi le prix Franz Hessel ; la même année, il est sélectionné pour les prix Femini, Goncourt, et Flore. Le prix Franz Hessel permet à l'ouvrage de bénéficier d'une traduction en allemand.
En 2011, elle est l'une des participantes du Salon du Livre de Beyrouth. En 2012, elle remporte le prix Landerneau pour son roman Tangente vers l'est.
En 2014, elle est la première lauréate du Roman des étudiants France Culture-Télérama, pour son roman Réparer les vivants qui a été aussi couronné par de nombreux prix.


Résumé : Réparer les vivants est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de geste, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour. 

Citation
Thomas verse de l'eau dans les verres, se relève pour fermer la fenêtre, traverse la pièce, et ce faisant observe ce couple, ne les lâche pas des yeux, cet homme et cette femme, les parents de Simon Limbres, et sûrement qu'en cet instant il s'échauffe mentalement, sachant qu'il s'apprête à les malmener, à inciser dans leur peine une interrogation qu'ils ignorent encore, à leur demander de réfléchir et de formuler des réponses, quand ils sont zombies cognés de douleur, satellisés, et sans doute qu'il se prépare à parler comme il se prépare à chanter, décontracte ses muscles, discipline sa respiration, conscient que la ponctuation est l'anatomie du langage, la structure du sens, si bien qu'il visualise la phrase d'amorce, sa ligne sonore, et apprécie la première syllabe qu'il prononcera, celle qui va fendre le silence, précise, rapide comme une coupure - l'estafilade plutôt que la craquelure sur la coquille de l'œuf, plutôt que la lézarde grimpée sur le mur quand la terre tremble. Il commence lentement, rappelant avec méthode le contexte de la situation : je crois que vous avez compris que le cerveau de Simon était en voie de destruction; néanmoins ses organes continuent à fonctionner; c'est une situation exceptionnelle. Sean et Marianne clignent des yeux, manière d'acquiescement. Thomas, encouragé, poursuit : j'ai conscience de la douleur qui est la vôtre, mais je dois aborder avec vous un sujet délicat - son visage est nimbé d'une lumière transparente et sa voix monte imperceptiblement d'un cran, absolument limpide quand il déclare :
- Nous sommes dans un contexte où il serait possible d'envisager que Simon fasse don de ses organes.


Commentaire personnel : Ce roman traite d'un sujet difficile dont peu de personnes en parlent : le don d'organe. On suit l'histoire de la mort cérébrale de Simon Limbres, un jeune homme qui meurt en voiture tandis que ses deux amis survivent. Ils revenaient d'une session de surf très tôt le matin et se sont endormis au volant. Le roman nous parle donc de ce cas très rare qui s'ensuit : la mort cérébrale. Le cerveau cesse de marcher mais les organes continuent de fonctionner. Cela signifie qu'il est mort mais que l'on peut prélever ses organes dans un temps imparti. 
Maylis de Kerangal nous livre une émotion sans fin, nous fait réfléchir sur ce sujet. Les organes prélevés seront donnés à des patients en attente d'une greffe. Le cœur, lui, sera donné à une femme qui pensait ne plus pouvoir envisager mourir de vieillesse. L'auteur avec son style bien à elle nous éclaire sur le sujet de la transplantation, du don d'organe, un sujet que l'on découvre vraiment ici. C'est un très beau roman qui, même si pour les parents, la sœur et la petite copine de Simon, la perte est très douloureuse, nous fait comprendre que sa mort n'aura pas été en vain car elle aura permis de sauver plusieurs vies. 

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